Edito presto: “ Pour que naître fille ne soit plus un obstacle…”

Une nouvelle polémique est née cette année autour du carnaval de Binche et de ses Gilles exclusivement masculins. Pourtant sans les femmes de Gilles, le carnaval n’existerait pas, car dans l’ombre de leurs héros, elles n’en demeurent pas moins leurs doubles essentiels, en privé comme en public. Enfin, c’est dans l’éducation des enfants, filles et garçons, dans l’esprit des traditions binchoises que leur rôle est le plus important. Toutes les femmes de Gilles interrogées à ce sujet souhaitent pourtant perpétuer ces traditions telles quelles, sans introduire des « femmes Gilles » dans la procession. Changer une coutume équivaut à la galvauder.

Suite à l’affaire Weinstein, les langues se délient et en octobre 2017, est lancé le mouvement « Balance ton porc ». Il sera le départ d’une importante vague féministe soucieuse de revaloriser les femmes et de revendiquer des droits socio-économiques équivalents à ceux des hommes. La suppression des écarts salariaux à job équivalent, une équité dans les postes de dirigeants d’entreprise et dans les pensions (à temps de travail identique)... Construire une économie plus féminine, sans discrimination de sexe.

Le 8 mars était, comme chaque année, la journée mondiale des droits de la femme :  « Pour que naître fille ne soit plus un obstacle » fut un des slogans choisis par la Fédération Internationale des Droits Humains (FIDH). Le monde progresse et évolue dans le bon sens, même si certaines cultures religieuses font toujours obstacle à la libération et l’épanouissement des femmes, malgré l’indignation et la pression internationale. Par ailleurs, les choses bougent petit à petit : en 2021, la France allonge le congé de paternité de 14 à 28 semaines, l’Argentine est le 4^e pays d’Amérique du Sud à légaliser l’avortement, le Soudan vote une loi interdisant les mutilations génitales et le Costa Rica autorise le 1er couple de femmes homosexuelles à se dire « oui » légalement.

Mais n’oublions pas que « Les hommes viennent de Mars et les femmes de Venus » -

« Les hommes et les femmes ne parlent pas la même langue, d’où les frustrations, les malentendus, les déchirements… Faisons de ces différences une source d’enrichissement plutôt que de conflit » écrivait John Gray.  Nous ne serons jamais les mêmes et c’est tant mieux! Il faut absolument que nous conservions ces différences et mettions à profit nos complémentarités pour faire évoluer ensemble la société de demain. Nous sommes régis par des hormones différentes, il est donc normal et sain que nous réagissions différemment à certaines situations du quotidien. Nous, les hommes, ne serons jamais enceints et ne pourrons jamais allaiter nos enfants… Quelle inégalité… Quelle injustice… Et pourtant c’est un fait !

Évitons à tout prix de basculer dans les extrêmes… Comme au Japon où les hommes ne savent plus comment aborder les femmes au point de devoir passer pas des agences matrimoniales pour s’unir, ou comme aux USA où un homme n’ose plus prendre un ascenseur seul, en présence d’une collègue de bureau par crainte d’être taxé de « harceleur »…

En apprenant des erreurs du passé, revenons aux années insouciantes de la libération sexuelle et de celle de la femme, en laissant à nouveau une place au flirt et à la drague, sans arrière-pensée… Mais gare à ne pas confondre « drague » et « harcèlement ». Intégrer une fois pour toute que « NON, c’est non ! » et pas « Oui, peut-être… ». Comme très souvent, la nature nous montre le bon exemple : dans les parades nuptiales, Le mâle fait son show et la femelle choisit...

Certaines femmes célèbres, actrices et écrivaines, avec Catherine Deneuve comme égérie, ont revendiqué « la liberté d’importuner des hommes » en écrivant : « Le viol est un crime, mais la drague n’est pas un délit, ni la galanterie une agression machiste… »

Cette équation à deux inconnues X-Y n’est certes pas facile à résoudre et trouver le juste milieu s’apparente à un exercice d’équilibriste, mais dans l’acceptation de nos différences et un respect mutuel, il faut tendre vers une égalité des sexes dans les domaines où la discrimination n’a plus sa place : culturels, religieux, sociaux, économiques et politiques…

Et peut-être que dans un avenir proche, après avoir écrit pendant des décennies que :  « Derrière tout grand homme se cachait une femme », nous pourrons inverser la proposition…

Bon week-end à tous !

Dr Patrick De Moor

Directeur Médical

Vivactis Group