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Sommeil : notre cerveau détecte les voix inconnues même quand nous dormons…

Des chercheurs de l’université de Salzbourg ont étudié l’activité cérébrale d’adultes endormis en réponse à l’écoute de voix familières et inconnues. Ces dernières ont déclenché davantage d’ondes appelées "complexes K" — des ondes cérébrales associées au traitement des stimuli externes pendant le sommeil, tels que le bruit, la lumière ou le toucher — et de microréveils, que les voix familières. « Nos résultats suggèrent un rôle central pour les complexes K dans le traitement sélectif des informations pertinentes pendant le sommeil à mouvements oculaires non rapides (NREM) », écrivent les auteurs de l’étude.
Au total, 17 volontaires ont été recrutés et ont été soumis à une polysomnographie « Pendant la nuit, nous avons présenté aux participants des audios de leur propre nom et de deux noms non familiers. Ces noms étaient prononcés soit par une voix familière (VF), soit par une voix non familière (VNF) », explique M. Ameen, co-auteur de l’étude. Il a été constaté que pendant le sommeil profond, les voix non familières ont déclenché bien plus de complexes K et de microréveils que les voix connues — ce qui indique un traitement sensoriel plus profond.
Cette réactivité "dynamique" du cerveau — spécifique au contenu — aux informations sensorielles externes, lui permet d’entrer dans un "mode de traitement sentinelle" dans lequel il gère non seulement les processus internes importants qui se déroulent pendant le sommeil, mais aussi le traitement des informations sensorielles externes vitales. Il semblerait que les complexes K soient déterminants pour profiter d’un sommeil réparateur et que si la voix inconnue avait prononcé plus d’un seul mot, le sujet se serait probablement réveillé, car le cerveau l’aurait interprété comme une menace potentielle. Les résultats de cette étude expliquent ainsi pourquoi il est souvent compliqué de bien dormir dans un nouvel endroit, du moins au début : le cerveau doit en effet s’habituer à tous les nouveaux stimuli et décider qu’ils ne représentent pas une menace pour nous.

Ref : Mohamed S. Ameen, Dominik P.J. Heib, Christine Blume and Manuel Schabus, The Brain Selectively Tunes to Unfamiliar Voices during Sleep, Journal of Neuroscience 2 March 2022, 42 (9) 1791-1803; DOI: https://doi.org/10.1523/JNEUROSCI.2524-20.2021

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