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IBS : que dit le nouveau consensus belge ?

A l’occasion des ‘post graduate cursus’ de la Belgian Week of GastroEnterology (BWGE), le professeur Sébastien Kindt (VUB) a présenté les recommandations sur lesquelles les membres du Belgian IBS consensus group se sont mis d’accord à propos de la prise en charge du syndrome de l’intestin irritable. DL

Le syndrome de l’intestin irritable (IBS en anglais), également appelé « colopathie fonctionnelle » ou « côlon irritable », est une authentique maladie digestive, bénigne et fréquente mais trop souvent négligée alors même qu’elle retentit parfois gravement sur la qualité de vie. Selon la quatrième version des critères de Rome (Rome IV), le diagnostic d’IBS repose sur la présence d’une douleur abdominale présente depuis au moins 6 mois et survenant au moins un jour par semaine durant les 3 derniers mois. Au moins 2 des 3 critères suivants doivent être associés à la douleur : une relation entre douleur et défécation, une modification de la fréquence des selles, une modification de la consistance des selles appréciée par l’échelle de Bristol. 

On considère qu’entre 5 et 15% % de la population adulte aurait un syndrome de l’intestin irritable, qui touche trois femmes pour un homme et dont le diagnostic est porté habituellement entre 30 et 40 ans. Selon les troubles du transit associés, il est possible de distinguer 4 formes cliniques : SII à diarrhée prédominante (SII-D), SII à constipation prédominante (SII-C), SII mixte avec une alternance de diarrhée et de constipation (SII-M) et SII indéterminé (SII-I) c’est-à-dire n’ayant pas de trouble du transit évident.

Les recommandations point par point

Au niveau de l’étiologie et de l’impact de cette pathologie tout d’abord, la majorité des panelistes s’accordent à reconnaître que l’origine de l’IBS est multifactorielle, pouvant impliquer des mécanismes pathophysiologiques tels que la perméabilité intestinale, la composition du microbiote, les mécanismes immunitaires, certaines intolérances alimentaires ou encore le stress et d’autres comorbidités psychologiques. Ce qui est certain aussi, c’est que la qualité de vie des patients atteints est impactée de manière multiple. 

L’intensité et la fréquence des symptômes quant à elles peuvent énormément varier d’un individu à l’autre mais le diagnostic peut être posé dans la plupart des cas sur base de l’historique et de l’examen clinique du patient, que l’on complètera avec du labo au cas par cas. Bien entendu, devant des signes d’alerte, on n’hésitera pas à recourir à une colonoscopie.

Au chapitre de l’alimentation, la recherche d’une éventuelle allergie alimentaire n’est pas utile en routine, l’intérêt de celle d’une intolérance au lactose est limité. On ne conseille pas de recourir à une diète sans gluten. Par contre, un régime pauvre en FODMAPs (Fermentable Oligo, Di, Monosaccharides And Polyols) a montré son efficacité.

La prise en charge thérapeutique de première ligne doit toujours commencer par une explication de sa pathologie et de la stratégie thérapeutique au patient. Les modifications du style de vie sont efficaces en première intention. Les fibres solubles sont efficaces. Parmi les traitements, les spasmolytiques sont recommandés tandis que la simethicone en monothérapie n’a pas démontré d’effet.

Pour la prise en charge de la diarrhée, les séquestrants d’acide biliaire, le loperamide et les agonistes des H1-récepteurs ont montré leur efficacité en cas d’IBS.

En cas de constipation, les laxatifs osmotiques sont efficaces. Le prucalopride et le linaclotide sont efficaces en cas de constipation sévère ou réfractaire au traitement de première intention et le biofeedback si l’on suspecte ou constate une défécation dyssinergique.

Il n’est pas utile de tester la perméabilité intestinale dans tous les cas d’IBS, ni d’analyser la composition du microbiome. Certains probiotiques ont montré leur efficacité. 

La prise en charge de la douleur associée à l’IBS peut passer par la prise d’antidépresseurs tricycliques et d’inhibiteurs de la recapture de la sérotonine (SSRI), les opioïdes d’action centrale ne sont pas efficaces.

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