La quotidienne d’actualité médicale et santé pour les médecins et pharmaciens belges.
La capacité de la musique à promouvoir largement le bien-être et la qualité de vie n’est plus à démontrer. Cependant l'association positive entre musique et santé, à des fins thérapeutiques, n'est toujours pas claire, ce qui limite l'inclusion des interventions musicales comme adjuvant thérapeutique dans les soins de santé.
Dans une revue systématique et méta-analyse portant sur 779 participants issus de 26 études, l'inclusion de la musique à un traitement standard était associée à des améliorations statistiquement significatives des scores de qualité de vie liée à la santé mentale. Cependant, de trop grandes variations individuelles dans les résultats des interventions ont empêché de tirer des conclusions concernant les interventions musicales optimales dans les différents scénarios cliniques étudiés.(1)
La musique influence la perception à l’effort et fait oublier l’état de fatigue.
Une étude de la Southern Connecticut State University, réalisée auprès de joueuses de basketball, a montré que celles qui écoutaient de la musique rythmée pendant l’effort ont couru en moyenne cinq minutes de plus que les autres (à un niveau d’intensité de 85 à 90 % de leur fréquence cardiaque maximale). Une musique aux BPM (battements par minutes) élevés peut également faire augmenter la vitesse des athlètes.(2)
Écouter de la musique active la sécrétion de dopamine intracérébrale qui, à son tour, libère des endorphines. Il s’est avéré que les zones cérébrales des émotions musicales sont identiques à celles des autres émotions. Lorsque nous écoutons une mélodie qui nous plait, nous activons les mécanismes de motivation et de récompense. Le système limbique est le siège des mécanismes d’action euphorisants, et donc des effets de dépendance aux drogues, mais également au chocolat ou encore aux sports extrêmes.(2)
La musique a encore bien d’autres vertus : elle améliore le sommeil et la relaxation, stimule les émotions positives, incite aux rapprochements humains, améliore la cognition et aide à la créativité.
Avec un tempo de 104 battements/min, « Stayin’Alive » des Bee Gees est un excellent choix pour former à la réalisation d’une réanimation cardio-respiratoire à la bonne vitesse de compression thoracique. La British Heart Foundation a d’ailleurs réalisé un clip montrant une RCP sur cette célèbre chanson.(3)
Mais au-delà de l’aspect « médical », la musique a également permis à certains musiciens d’évoquer, ouvertement ou plus discrètement, leur état de santé et l’impact de la maladie sur leur art et leur vie.(3)
Dans sa chanson « L’enfer », Stromae nous confie son mal-être, ses troubles de l’humeur et ses envies suicidaires. Dans « The Cure » Lady Gaga évoque une pathologie chronique dont elle souffre et qui la handicape particulièrement en tournée, la fibromyalgie. Plusieurs morceaux de Grand Corps Malade ont trait à son état de santé (fracture cervicale survenue en 1997) mais dans sa chanson « Effets secondaires » le thème choisi est celui de la pandémie de Covid-19. Le rappeur belge, Roméo Elvis, dans la chanson « Ma tête », après un premier couplet consacré à ses troubles mnésiques, parle d’un autre mal dont il souffre comme nombre de musiciens et de chanteurs : les acouphènes.(3)
« La maladie d’Amour » de Michel Sardou, « Je suis malade » de Serge Lama et Dalida, « Comment est ta peine » de Benjamin Biolay… Impossible de les citer tous, mais ils sont nombreux à avoir choisi la musique comme exutoire, pour exprimer leurs addictions, leur mal-être et leurs problèmes de santé.
La musique a indéniablement un pouvoir « thérapeutique » sous-estimé… A nous de l’utiliser à bon escient… Mais de préférence pas, avec des écouteurs, à vélo, en trottinette ou en voiture, car elle risque alors de devenir la cause du mal plutôt que son traitement…
Bon week-end à tous,
Dr Patrick De Moor
Médecin Généraliste
Directeur Médical
Vivactis Group
(1) https://jamanetwork.com/journals/jamanetworkopen/fullarticle/2790186
(2) https://www.polycliniquedeloreille.com/conseils-sante/musique-effets-cerveau
(3) https://francais.medscape.com/voirarticle/3610214_2
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