"De nos jours, le diagnostic et la prévention se sont largement transformés et améliorés. Les diagnostics sont beaucoup plus spécifiques, et l'on ne peut que s'en réjouir, car c'était le talon d'Achille de l'allergologie."
Le professeur Dr Didier Ebo, chef du service immunologie, allergologie et rhumatologie et la Dr Athina Van Gasse, collaboratrice du service pédiatrie, allergologie et immunologie à l’hôpital universitaire d'Anvers, nous éclairent sur le sujet.
Professeur Dr Ebo : Au tout début de ma carrière d'allergologue, on nous disait que si des parents souffrant d'allergies alimentaires se présentaient en consultation, il fallait leur conseiller de retarder le plus possible l'introduction de certaines denrées comme les noix et les arachides dans le régime de leurs enfants, afin de leur éviter de développer des allergies alimentaires. De ce fait, les femmes enceintes et les mères allaitantes postposaient massivement certains ingrédients et n'étaient pas autorisées à donner des aliments ‘allergènes’ à leurs enfants au cours des cinq premières années de leur vie. Fort heureusement, la situation a changé du tout au tout.
De nos jours, le diagnostic et la prévention se sont largement transformés et améliorés. Les diagnostics sont beaucoup plus spécifiques, et l'on ne peut que s'en réjouir, car c'était le talon d'Achille de l'allergologie.
Une autre évolution qui a pris de l'ampleur ces dernières années est ce que nous appelons l'induction de la tolérance orale aux aliments, qui consiste à essayer d'inverser le cours des choses chez les enfants présentant des allergies alimentaires.
Le développement de nouveaux médicaments de type ‘biologique’ pour, par exemple, faciliter l'immunothérapie et l'induction de la tolérance chez certains patients, constitue une autre innovation.
Dr Van Gasse : Lorsqu'un enfant est allergique à un aliment, le rôle de ses parents est crucial, car il devra suivre un certain régime alimentaire, et ce, souvent pour le reste de sa vie. L'éducation des parents et des proches (amis, enseignants, etc.) revêt donc la plus haute importance. Si l'enfant est plus âgé, il doit également recevoir lui-même les informations dont il a besoin sur ce qui lui arrive et sur la manière dont il doit y faire face. À cet égard, il est essentiel que les parents et l'enfant entretiennent une relation ouverte, afin que ce dernier puisse apprendre ce qui est autorisé et ce qui ne l'est pas pour éviter les situations à risque. Par ailleurs, il ne faut pas sous-estimer l'impact d'une allergie sur la qualité de vie de l'enfant et de sa famille. Songez aux fêtes, aux anniversaires à l'école, aux activités extrascolaires, etc. Il incombe donc aux parents de trouver des alternatives aussi amusantes qu'inoffensives.
Dr Ebo : En bref, le message clé est le suivant : pas de tableau clinique, pas d'allergie, pas de tests. Il arrive très souvent que des patients présentant de vagues symptômes subissent une multitude de tests d'allergie inutiles. Lesquels aboutissent parfois à des résultats erronés. On pourrait alors penser que ces patients souffrent d'une allergie, alors que ce n'est absolument pas le cas. Or, beaucoup de patients subissent des examens et des traitements inutiles et entraînant des coûts superflus.
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