Un pilote de ligne de 47 ans, sans antécédents significatifs, présente à l’été 2024 un premier épisode de douleurs abdominales intenses, diarrhée et vomissements, survenant 4 heures après un repas inhabituel comprenant du steak de bœuf lors d’un camping en famille. Les symptômes régressent spontanément et aucun lien n’est fait avec la viande consommée. Deux semaines plus tard, après avoir mangé un hamburger lors d’un barbecue puis tondu la pelouse, le patient développe un nouvel épisode aigu, 4 heures après le repas. Il est retrouvé inconscient dans la salle de bain, entouré de vomissements, et décède malgré deux heures de manœuvres de réanimation, l’autopsie concluant initialement à une « mort subite inexpliquée ».

L’analyse du sang post-mortem montre un taux total d’IgE globalement bas, mais met en évidence des IgE spécifiques dirigées contre l’alpha-gal et contre le bœuf. Les IgE anti–alpha-gal représentent 3,4 % des IgE totales, une proportion considérée comme cliniquement pertinente. Le dosage de tryptase post-mortem dépasse 2.000 ng/mL, ce qui correspond aux valeurs les plus élevées rapportées dans les cas d’anaphylaxie fatale. Selon son épouse, le patient avait présenté au début de l’été une douzaine de piqûres très prurigineuses autour des chevilles, attribuées à des larves de la tique Amblyomma americanum (tique Lone Star), principale responsable de la sensibilisation à l’alpha-gal dans l’est des États-Unis.

Ce cas survenu en banlieue du New Jersey met en lumière une anaphylaxie retardée, plusieurs heures après l’ingestion de viande de mammifère, dans un contexte d’extension vers le nord de la tique Lone Star et de sensibilisation croissante à l’alpha-gal.