Une équipe UCLouvain–Imperial College London a identifié une molécule produite par les bactéries intestinales, la triméthylamine (TMA), capable de freiner l’inflammation induite par un régime riche en graisses et de prévenir la résistance à l’insuline. De quoi ouvrir la voie à de nouvelles stratégies nutritionnelles et thérapeutiques contre le diabète de type 2.
Depuis une vingtaine d’années, les travaux de Patrice Cani et de ses collègues ont montré qu’un régime riche en graisses favorise le passage de composants bactériens dans la circulation, active le système immunitaire et déclenche une inflammation chronique qui contribue à la résistance à l’insuline. Ce modèle, longtemps jugé iconoclaste, est aujourd’hui largement accepté. La nouvelle étude, publiée dans Nature Metabolism, apporte la pièce manquante du puzzle : certaines molécules produites par le microbiote sont capables de contrer ce processus inflammatoire.
Les chercheurs ont mis en évidence le rôle d’un métabolite bactérien, la triméthylamine (TMA), formé à partir de la choline alimentaire par les bactéries intestinales. En combinant des modèles de cellules humaines, des études chez la souris et un criblage moléculaire, ils montrent que la TMA se lie directement à une protéine clé du système immunitaire, IRAK4, et bloque son activité. Résultat : l’inflammation déclenchée par un régime riche en graisses est fortement réduite et la sensibilité à l’insuline est restaurée. Chez la souris, cette molécule protège même de la mortalité liée à une septicémie.
Les effets bénéfiques observés sont reproduits lorsque IRAK4 est supprimée génétiquement ou inhibée par des molécules pharmacologiques, ce qui en fait une cible thérapeutique particulièrement intéressante, déjà connue de l’industrie pharmaceutique. À plus long terme, ces travaux suggèrent que l’on pourrait agir soit par des approches nutritionnelles, soit par des médicaments visant à moduler la production de TMA ou l’activité d’IRAK4.
Avec plus de 500 millions de personnes vivant avec un diabète dans le monde, cette découverte illustre de façon spectaculaire à quel point « ce que nous mangeons façonne nos microbes, et que certaines des molécules qu’ils produisent peuvent réellement nous protéger du diabète », comme le résume le Pr Patrice Cani.
L’équipe de rédaction Tempo Today