Vieillissement et voix : quand les émotions deviennent plus difficiles à entendre

Dans une étude publiée dans le Journal of Speech, Language, and Hearing Research, les chercheurs ont comparé 30 adultes jeunes (18–35 ans) et 30 adultes âgés (63 ans et plus), tous en bonne santé. Les participants devaient identifier, à partir de courtes phrases, six émotions véhiculées uniquement par la prosodie affective (surprise agréable, joie, émerveillement, colère, tristesse et peur).

Les jeunes adultes ont correctement reconnu les émotions dans 90 % des cas, contre 79 % chez les personnes âgées. L’écart provenait surtout de deux émotions à faible activation physiologique, l’émerveillement et la tristesse, moins bien identifiées par les sujets âgés. Fait important, les tests complémentaires n’ont révélé ni déficit cognitif global, ni difficulté à discriminer la hauteur, l’intensité ou la durée des sons, ni différence dans l’association de mots écrits à des émotions agréables ou désagréables.

Les auteurs évoquent plutôt un appauvrissement du « lexique prosodique » : avec l’âge, il serait plus difficile de faire correspondre un schéma d’intonation entendu aux modèles d’intonation émotionnelle stockés en mémoire.

Si cette baisse de performance reste un marqueur modeste du vieillissement normal, ses conséquences peuvent être beaucoup plus lourdes chez les personnes atteintes de maladies neurodégénératives (comme la maladie de Parkinson) ou après un accident vasculaire cérébral de l’hémisphère droit, où la compréhension des émotions vocales peut devenir un facteur d’isolement social.

Les résultats de cette étude contribueront au développement d’approches de rééducation ciblant spécifiquement la perception des émotions à travers la voix.