Édito de notre Dir Med : « IRM : Incompréhensible Restriction Médicale ? »

C’est malheureusement la triste réalité et le sort réservé à nos patients qui ont besoin d’une IRM en urgence dans certains hôpitaux du pays… S’en suit alors une démarche tout à fait anormale pour un pays dont les soins de santé sont parmi les plus réputés : la recherche, à travers toute la Belgique, d’un service de radiologie qui pourra recevoir le patient dans un délai moins long… Mais comment en est-on arrivé là ?

Dans notre pays, les appareils IRM font l’objet d’une programmation. En d’autres termes, un hôpital doit recevoir un agreement des pouvoirs publics pour installer un appareil IRM, ce qui ouvre le remboursement des prestations par l’assurance maladie.⁽¹⁾ Ces agreements sont distribués au compte-goutte alors qu’ils sont nettement plus laxistes pour les CT-Scan.

La Belgique compte actuellement 109 appareils IRM agréés. Ce nombre ne couvre aucunement les besoins actuels, compte tenu des temps d'attente constatés allant de 2 semaines à 2 mois. En outre, les appareils disponibles sont inégalement répartis.
Une capacité IRM trop faible présente deux risques majeurs. Tout d'abord, on pratique aujourd'hui des examens CT alors qu'un examen IRM serait plus indiqué. Il arrive en outre que ces examens CT soient malgré tout suivis ultérieurement d'un examen IRM à titre complémentaire. Il en résulte des coûts superflus et une exposition inutile des patients aux radiations.⁽²⁾

Paradoxe, des campagnes d’information grand public, orchestrée par l’état, sur le thème : « Les images médicales ne sont pas des photos de vacances » insistent sur le fait que, contrairement aux autres techniques d’imagerie médicale, l’IRM n’utilise pas de radiations ionisantes délétères et donc, lorsque cela est possible, la substitution est préférable.⁽³⁾

En moyenne, nous subissons tous chaque année un examen radiographique. 1 Belge sur 5 subit un examen tomographique (CT-scan) par an, alors que seulement 1 Belge sur 20 fait l'objet d'un examen IRM annuel. En comparaison avec nos voisins, la charge effective de radiations en Belgique est relativement élevée. Le Belge reçoit notamment 1,5 fois plus de radiations que le Français en moyenne, et jusqu'à 3 fois plus qu'un citoyen des Pays-Bas.⁽⁴⁾

Pourquoi ne pas libéraliser les IRM, quitte à en limiter le coût et le remboursement par acte, afin de permettre aux patients de pouvoir profiter des meilleurs soins, à moindre risque et sans délai interminable, avec pour seule restriction : la bonne indication ? Rappelons qu’un radiologue est en droit de refuser et/ou d’adapter un examen prescrit s’il le juge inadapté, l’échographie restant à ce jour un excellent examen de 1^ère intension et dénuée de risque, pour un certain nombre de pathologies.

Excellent week-end à tous,

Dr Patrick De Moor

Médecin Généraliste

Directeur Médical Vivactis Group