La quotidienne d’actualité médicale et santé pour les médecins et pharmaciens belges.
De tous les peuples de la Gaule, les Belges sont les plus braves…. Et les moins sobres ! Ce sont nos pays européens qui ont la consommation d'alcool la plus élevée au monde.(1) Et pire encore, il ressort que c’est la Belgique qui tient le haut du pavé, avec une consommation moyenne annuelle de 12,6 litres d’alcool pur, par habitant, détrônant ainsi l’Autriche qui, jusqu’en 2016 , était au sommet du classement.(2)
Venu du Royaume-Uni, le concept du « Dry January » ou « Tournée Minérale » s’est aujourd’hui bien implanté dans notre pays et invite les Belges à ne pas boire d’alcool durant un mois. Pour quelques-uns, il s’agira simplement d’une période « détox » après les fêtes, pour d’autres un « challenge » de remise en forme, et enfin pour certains, l’occasion de débuter une relation plus saine avec l’alcool.(3)
Une consommation « excessive » d'alcool est définie comme étant plus de 21 unités/semaine pour les hommes et 14 unités pour les femmes. Une unité représente la quantité d’alcool pur dans un volume donné, correspondant classiquement à 1 verre de vin de 10cl, 1 bière de 25cl ou 1 doigt d’alcool fort. Idéalement pour boire à « moindre risque », il ne faut pas dépasser 2 verres/jour, maximum 10/semaine, et au moins 1j sans alcool.(4)
Revenons à notre triste score de « champion du monde » de consommation d’alcool avec 12,6 litres/an/habitant établi par l’OCDE : pour obtenir l’équivalent en litres de bière, il faut multiplier cette quantité par 20 (ce qui donne 252 litres) soit 1008 cannettes de 25cl. Pour le vin, il faut multiplier par 8 (un peu plus de 100 litres) soit 134 bouteilles de 75cl.(6)
Toujours au niveau européen, la consommation quotidienne d’alcool augmente avec l’âge, allant de 1% chez les 15-24 ans à 16% chez les 75 ans et plus. Cependant, ce dernier groupe représentait également la proportion la plus élevée de personnes n’ayant jamais consommé d’alcool ou n’en ayant pas consommé au cours des 12 derniers mois (40,3%).(7)
On le sait, toute consommation excessive d’alcool est délétère pour la santé et les risques augmentent avec la quantité consommée, comme ceux liés à certains cancers : bouche, gorge, pharynx, larynx, foie, colon, rectum et sein. Il aggrave les pathologies cardiovasculaires (HTA, les troubles du rythme), peut être responsable d’AVC, d’hémorragies cérébrales, et de cirrhose hépatique…
L’alcool est par ailleurs proscrit pendant la grossesse et l’allaitement, durant l’enfance et la période de la croissance, en cas de conduite automobile, de manipulation de machines-outils de pratique de sports à risque, de prise de certains médicaments et lors de certaines maladies (épilepsie, hémopathies, troubles psychiatriques…). L’alcoolisme est ainsi présent dans 46% des cas de bipolarité.(8)
Évoquer des problèmes d’alcool en consultation est souvent un sujet tabou pour les patients, comme pour les médecins. Plus de 90 % des médecins pensent que la présence des parents est un frein pour aborder le sujet avec un adolescent. Pour une prise en charge optimale, le généraliste doit avant tout établir une relation de confiance avec son patient, lequel a besoin d’être écouté, compris sans être jugé, et si nécessaire référé à un alcoologue. (8)
Il ne faut pas pour autant tomber dans l’excès contraire, celui de « l’abstinence radicale totale ». Un petit verre de vin n’a jamais fait de mal à personne. Le vin rouge est d’ailleurs parfois associé au « régime crétois » pour ses qualités antioxydantes. Le Resvératrol est un polyphénol, présent en grande quantité dans la peau, la queue et les pépins de raisin. C’est un puissant antioxydant aux propriétés anti-inflammatoires et vasodilatatrices. À condition de ne pas dépasser 1 à 2 verres /jour, il contribuerait à prévenir certaines maladies cardiovasculaires, à renforcer notre système immunitaire, à ralentir les symptômes de la maladie d’Alzheimer et aurait une utilité dans le traitement adjuvant de certains cancers.
Enfin l’alcool a toujours été très socialisant, le tout est de ne pas en abuser…. Et comme le dit souvent un de mes amis en levant son verre : « Il est possible de s’amuser sans boire… Mais ne prenons aucun risque ! »
Bonn week-end et qui sait, tous à l’eau ce mois-ci…
Dr Patrick De Moor
Médecin généraliste
Directeur Médical
Vivactis Group
Références:
(1)https://www.healthybelgium.be/en/health-status/determinants-of-health/alcohol-use
(2) https://www.lesoir.be/152030/article/2018-04-19/le-belge-champion-du-monde-de-la-consommation-dalcool
(3) https://mail.google.com/mail/u/0/#label/MED/FMfcgzGrcPKfbbcrhjTHkzTwjhzDfHQ
(4) https://www.alcool-info-service.fr/alcool/consequences-alcool/consommation-a-risque
(5) https://www.healthybelgium.be/en/health-status/determinants-of-health/alcohol-use
(8) https://www.medi-sphere.be/fr/actualites/alcool-sans-tabous-nbsp-laquo-nbsp-les-generalistes-ont-un-role-nbsp-important-de-prevention-envers-les-jeunes-nbsp-raquo.html
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Buvons, buvons, mais buvons cher !
Non contents de se pochtronner, nos « chers » concitoyens le font en éclusant les boissons les plus onéreuses.
Champagne ? Malgré l’exiguïté de notre population, nous sommes dans le Top5 des importateurs. En millions de bouteilles en 2020 : GB = 21,27 ; US = 20,84 ; Jap = 10,80 ; De = 10,12 ; Be = 8,99 ! (Quel Belgicain adulte s’en est abstenu ?)
(https://fr.statista.com/infographie/12229/principaux-pays-importateurs-champagne/)
Bordeaux ? Dans le Top10.
(Bouteilles à plus de 22,50 euros seulement ; Prix moyen = 82 euros par bouteille en 2019 !) « Grande Chine » (= y compris Hong Kong, etc) = 3,75 millions de bouteilles en 2020 ; US = 2,5 : GB = 1,6 ; Suisse = 1,3 ; Jap = 0,78 ; De = ,53 ; Be = .42
Paraît que c’est la crise et que les « médocs » sont trop chers (selon VDB).
NB Quand César écrivait « fortissimi », il signifiait brutaux, éloignés de la civilisation ! (Gallia est omnis divisa in partes tres, etc… Souvenirs!)