« Eliminer l'halopéridol dans les unités de soins intensifs revient à jeter l'enfant avec l'eau du bain »

Dans les unités de soins intensifs (USI), l'halopéridol continue de jouer un rôle dans le traitement du délire. C'est la conclusion à laquelle sont parvenus des chercheurs de l'Erasmus MC à l'issue d'une étude comparant l'antipsychotique à un placebo.

Supprimer l'halopéridol de l'arsenal médicamenteux des unités de soins intensifs revient à jeter le bébé avec l'eau du bain. C'est ainsi que Mathieu van der Jagt, neurologue-intensiviste à l'Erasmus MC, résume les résultats d'une étude récemment publiée dans Critical Care. M. Van der Jagt a dirigé l'étude randomisée dans laquelle l'efficacité de l'halopéridol en tant que médicament contre le délire a été comparée à un placebo dans huit unités de soins intensifs néerlandaises. Lisa Smit, étudiante en doctorat, a coordonné l'essai.

Au total, 132 patients de l'USI atteints de délire ont participé à l'étude.

Les chercheurs n'ont pas constaté de différence entre le groupe halopéridol et le groupe témoin en ce qui concerne le nombre de jours sans délire et sans coma. Mais les autres résultats indiquent un effet bénéfique de l'halopéridol. Les patients recevant de l'halopéridol étaient moins susceptibles de se voir prescrire des médicaments tranquillisants (benzodiazépines) ou d'autres antipsychotiques. Ils étaient également moins agités et donc moins susceptibles de retirer eux-mêmes les sondes urinaires, par exemple. Ces résultats n'étaient pas l'objet principal de l'étude et ne doivent donc pas être considérés comme des conclusions définitives, mais comme des indications pour des recherches ultérieures, avertissent les chercheurs.

Les résultats ne sont pas statistiquement significatifs, mais ils vont tous trop dans la bonne direction pour être une coïncidence. En ce qui nous concerne, c'est un signal que l'halopéridol agit sur les symptômes du délire, tels que l'agitation. C'est d'ailleurs ainsi que nous l'utilisons en soins intensifs depuis 30 ans", explique M. Van der Jagt. Pour les chercheurs, l'halopéridol continue donc à jouer un rôle dans les soins intensifs, notamment parce que ce médicament a peu d'effets secondaires.

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