La quotidienne d’actualité médicale et santé pour les médecins et pharmaciens belges.
L’internet est sans conteste la plus grosse bibliothèque mondiale jamais créée. Elle permet à des millions de gens d’avoir accès à la connaissance en général et au domaine de la santé en particulier. Mais les réseaux sociaux offrent aussi une nouvelle caisse de résonance et une visibilité accrue au pseudo-sciences, aux pratiques médicales parfois déviantes, aux croyances, aux complotistes et aux influenceurs de tous bords. Alors est-il possible de faire le tri ? Combattre « les propositions mensongères » et « les activités médicales illégales » semble pourtant plus s’assimiler au travail de Sisyphe...
Il est de plus en plus courant qu’un patient se présentant à la consultation donne d’emblée son diagnostic et parfois même suggère le traitement : « Docteur, je viens parce que j’ai une bronchite et je crois que je devrais prendre des antibiotiques… » ou « Docteur, j’ai vu que j’avais une ferritine élevée… c’est sûrement un cancer du foie ! » Ce à quoi je réponds généralement : « Ah bon ? Mais si vous avez fait le diagnostic à ma place, vous n’avez plus besoin de moi… ». Ils sont alors un peu mal à l’aise de m’avouer qu’ils ont été préalablement se renseigner sur internet et plus récemment via l’intelligence artificielle ChatGpt.
Au début, j’avoue avoir été quelque peu contrarié, blessé dans mon orgueil de thérapeute et je disais à mes patients : « Google n’a pas fait des études de médecine ! » Aujourd’hui je suis plus nuancé, car je me rends compte que c’est presque devenu un réflexe pour la plupart d’entre nous et, qu’au lieu de s’y opposer, mieux vaut tenter de les canaliser en les réorientant par rapport à l’information qu’ils apportent et en les sensibilisant au fait que le rôle du médecin est justement de faire le tri dans cette masse d’informations disponibles sur la toile pour établir un diagnostic correct… Qu’un même symptôme, comme la fatigue, peut être le reflet d’un grand nombre de maladies, qu’il y a malheureusement autant de d’informations correctes que de « fake news » et que seul un professionnel de la santé est capable de séparer le bon grain de l’ivraie.
La conclusion étant : « Vous m’expliquez vos symptômes, j’essaye d’établir un diagnostic et puis, éventuellement, on reparle de vos recherches sur internet comme autres diagnostics possibles ».
Les géants du Web, comme Google et Facebook, nous avaient pourtant promis une autorégulation de leur plateformes pour faire la chasse aux « fake news ». Le résultat fut pitoyable ! A se demander s’il ont vraiment essayé ? En Irlande, où sont installées ces multinationales, la CNAM, une instance aux compétences élargies, a été créée, avec pour autorité de réguler les médias mais aussi les réseaux sociaux.1 Mais cela sera-t-il suffisant ? Rien n’est moins sûr...
En France, un grand nombre de médecins ont récemment tiré la sonnette d’alarme sur les dérives et fausses informations scientifiques et médicales diffusées librement sur le net et souhaiteraient qu’une législation plus ferme en la matière soit établie et que des sanctions puissent être systématiquement appliquées à ce genre d’infractions pour « exercice illégal de la médecine ».2
Si les débordements sont légions et permettent à des personnes ou sociétés peu scrupuleuses de faire parler d’elles et de s’enrichir sur le dos des gens vulnérables et naïfs, il ne faut pas pour autant jeter le bébé avec l’eau du bain.
Un grand nombre d’applications, de sites, de fondations, de blogs... peuvent être très profitables aux patients, comme ceux souffrant de maladies chroniques, rares ou orphelines, pour lesquels ces sources d’informations sont précieuses et leur permettent de dialoguer avec d’autres patients atteints des mêmes maux. Un soutien moral et scientifique non négligeable.
Et pour nous aussi, médecins, la révolution est en route... il va falloir prendre le train en marche ! Que ce soit l’IA ou le métavers, la médecine va devoir s’accommoder de ces nouveaux outils qui, utilisés à bon escient, peuvent devenir de véritables atouts en performance et précision. L’IA a déjà fait ses preuves en dermatologie et en imagerie médicale alors que le métavers permettra très bientôt aux chercheurs de tester l’efficacité des interventions sanitaires à grande échelle et moindre coût en donnant accès à des simulations d’espace 3D, en temps réel dans un monde virtuel, pour tester des conceptions d’environnements avant qu’elles ne soient mises en œuvre dans le monde réel.3
Patients, médecins, nous sommes tous dans le même bateau, celui d’un monde qui progresse à vitesse « V prime » et auquel il faut s’accrocher pour ne pas se faire larguer... Alors, pour ne pas se laisser submerger par ce tsunami informatique, gardons toujours notre esprit critique, le seul à pouvoir faire la différence entre une machine et un cerveau humain.
Excellent week-end à tous
Dr. Patrick De Moor
Références :
🌟 Annonce exclusive : découvrez l'orateur du 1er départ ! 🌟
Nous sommes ravis d'annoncer la participation exceptionnelle du Dr Matthieu Thimmesch, pneumopédiatre, lors du congrès en Laponie !
📚 Thèmes abordés :
Mucoviscidose en 2025 : nouvelles perspectives et défis.
Le sommeil de l’enfant : indicateurs clés et suivi optimal.
Mort subite du nourrisson : prise en charge des malaises infantiles.
Polysomnographie et syndrome d’apnées obstructives du sommeil : diagnostic et gestion.
🎯 Ne manquez pas cette opportunité unique d'approfondir vos connaissances dans un cadre exceptionnel. Les dernières places pour le 1er départ sont encore disponibles !
📅 Plus d'infos : https://lapland.icanncongress.org/fr/
➡️ Le congrès est organisé par iCann Life Sciences, initiateur et coordinateur scientifique de l'événement, avec la gestion logistique et la coordination assurées par Vivactis Benelux Medisquare, en partenariat avec Nordic.
hashtag Congrès2024 hashtag Laponie hashtag SantéPédiatrique hashtag DrThimmesch