Le climat estival, avec notamment la chaleur, l’humidité et la qualité de l’air, peut en effet affecter les performances des sportifs, voire leur santé.
Le sport est à l’honneur cet été à Paris avec la tenue des Jeux olympiques et paralympiques. Mais, en fonction de la météo, il pourrait faire chaud, très chaud lors de cette 33e olympiade. À cause du changement climatique, il n’est pas rare de nos jours de mesurer des températures supérieures à 38 °C fin juillet et début août dans la capitale française. Le 25 juillet 2019, la station météorologique de Paris Montsouris a même relevé une température de 42,6 °C. De quoi largement altérer les performances des athlètes. « À part pour certaines épreuves courtes et explosives comme le sprint ou le saut en longueur, qui peuvent tirer un bénéfice de conditions chaudes, la chaleur améliorant notamment la conduction nerveuse et donc la contractilité des muscles, le stress thermique a globalement une influence négative sur les performances sportives, en particulier pour les épreuves d’endurance, confirme Franck Brocherie, chercheur en physiologie de l’exercice à l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (Insep) à Paris. La chaleur affecte tout particulièrement la thermorégulation de notre organisme, c’est-à-dire notre capacité à réguler notre température centrale. »
Lors d’activités physiques, notre température interne augmente car nos muscles produisent de la chaleur. « Environ 75 % de l’énergie consommée pour produire un effort physique est transformée en chaleur », précise Nicolas Bouscaren, médecin de santé publique et du sport au CHU de La Réunion, doctorant à l’Université Jean-Monnet de Saint-Étienne et épidémiologiste Inserm. Le principal mécanisme pour évacuer cette chaleur est la transpiration. « Ce processus implique une redistribution du débit sanguin au niveau cutané pour transférer la chaleur produite par nos muscles vers la peau où de la sueur est secrétée par les glandes sudoripares. Et c’est l’eau contenue dans la sueur, qui, en s’évaporant, va faire baisser la température corporelle. » Outre la déshydratation, tout un continuum de symptômes peut alors apparaître en conditions chaudes : des crampes, des malaises, un épuisement voire un coup de chaleur à l’exercice. « Cette hyperthermie intervient quand le corps n’est plus capable d’évacuer la chaleur. Il monte alors en température jusqu’à dépasser les 40 °C », explique Nicolas Bouscaren. Des protéines dites de « choc thermique » sont alors produites en excès : elles provoquent une inflammation systémique et une défaillance multiviscérale incluant notamment des insuffisances rénale et hépatique et des atteintes du système nerveux central. « C’est une urgence médicale qui peut conduire au décès si elle n’est pas prise en charge rapidement », rappelle le médecin.
Pour limiter cette montée en température lors d’épreuves sportives, les athlètes professionnels appliquent plusieurs stratégies dont la plus efficace est l’acclimatation à la chaleur. « Les sportifs vont s’exposer aux conditions environnementales qu’ils devront affronter pendant une à deux semaines au minimum avant la compétition, soit en se rendant sur place en amont, soit en s’entraînant dans des “chambres environnementales” qui permettent de reproduire ces conditions de chaleur et/ou d’humidité, précise Franck Brocherie. Cette acclimatation leur permet non seulement de renforcer leur sudation tout en limitant les pertes de sels minéraux par la sueur, mais aussi d’augmenter le volume plasmatique du sang, ce qui facilite le transfert de chaleur des muscles vers la peau. »
Ces athlètes emploient aussi des stratégies de refroidissement pour faire baisser leur température interne, d’une part juste avant la compétition avec, par exemple, le port de gilets réfrigérants, et d’autre part pendant l’épreuve grâce à des boissons fraîches, souvent enrichies en sels minéraux, voire via l’ingestion de glaces pilées de type granité. Mais les sportifs amateurs n’ont pas accès à cette logistique et certains ne sont même pas conscients des risques pour leur santé.
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L’équipe de rédaction Tempo Today