La quotidienne d’actualité médicale et santé pour les médecins et pharmaciens belges.
Vanessa Rolland, médecin nutritionniste et spécialiste en pratique hospitalière et libérale, témoigne des conséquences concrètes qu’aurait le projet de loi du ministre Frank Vandenbroucke sur les médecins indépendants. Elle alerte sur la précarité croissante de ce statut et sur le risque d’un effondrement de l’équilibre actuel entre médecine conventionnée et déconventionnée.
« En Belgique, tous les médecins ne rentrent pas dans les mêmes cases.
Le projet de loi porté par Frank Vandenbroucke, bien qu’animé de valeurs d’égalité, n’aura que peu d’impact sur les médecins salariés des hôpitaux et des maisons médicales. Certes, leurs salaires sont souvent modestes, mais ils bénéficient d’une réelle sécurité : emploi stable, progression de revenus avec l’ancienneté, assurances professionnelles et de santé, congés payés, rémunération du temps administratif et de formation et, surtout, une pension garantie.
Cependant, la majorité des médecins en Belgique sont indépendants - pas toujours par choix, mais parce que c’est le fonctionnement des professions libérales. Leurs revenus doivent couvrir non seulement un « salaire », mais aussi l’ensemble des protections sociales, les frais d’installation, d’équipement, et parfois de personnel (secrétaires, assistants…). C’est un statut bien plus précaire, qui mérite une rémunération juste et décente.
N’oublions pas que la formation médicale est longue, et que nous commençons à gagner notre vie tardivement. Comment alors couvrir tous ces coûts sans pour autant « gagner de l’or en barre », avec des tarifs conventionnés très inégaux entre les spécialités ?
En ce qui me concerne, si cette loi entre en vigueur, je devrai plafonner mes consultations - qui durent en moyenne 45 minutes, parfois plus - à (32 € + 25 %) : 40 €. Et ce, malgré mon diplôme universitaire de médecin nutritionniste, une formation continue indispensable dans laquelle j’investis temps et argent, et plus de 30 ans de pratique. Je suis totalement déconventionnée, bien que je travaille deux jours par semaine à l’hôpital Saint-Pierre à des tarifs 100 % conventionnés, ce qui me permet de soigner un public large. Mais à ce tarif, maintenir mon cabinet privé est tout simplement impossible : je devrais mettre la clé sous la porte. Et je suis très loin d’être la seule dans ce cas.
Non, il n’y a pas que des « arnaqueurs aux tarifs exorbitants ». Les tricheurs existeront toujours, et ils trouveront bien des moyens de contourner la loi. Quant aux paiements en liquide non déclarés, ils relèvent de la fraude fiscale et n’ont rien à voir avec les suppléments d’honoraires discutés ici - un autre sujet - qui risquent d’exploser si les tarifs légaux imposés, déclarés et taxés, sont irréalistes.
Par ailleurs, nos numéros INAMI sont liés à notre diplôme. Ils ne peuvent être retirés qu’en cas de faute grave, après enquête, procès et avis de l’Ordre, et certainement pas par décision ministérielle arbitraire.
La médecine à deux vitesses existe déjà - en Belgique comme ailleurs. Mais aujourd’hui, le déconventionnement partiel permet à de nombreux médecins de soigner à la fois les plus démunis et les plus aisés, ces derniers contribuant parfois à financer les premiers. Si cette possibilité disparaît, vers quel équilibre allons-nous basculer ? Je crains que ce ne soit pas dans le bon sens.
En revanche, la transparence est nécessaire. Les tarifs doivent être clairs et accessibles, mais aussi rester flexibles : ils doivent refléter la nature des soins, le temps accordé et l’expérience du praticien. Selon ce projet, un jeune diplômé facturerait exactement le même tarif qu’un médecin ayant 30 ans de pratique. Ce serait bien la première profession à qui cela arrive.
Et si l’on applique ce type de traitement aux médecins, allons jusqu’au bout : imposons aussi aux avocats et juristes de travailler uniquement à des tarifs pro deo (+25 % max). Fixons les prix des plombiers : après tout, l’accès à l’eau courante est un besoin fondamental. Uniformisons les prix de l’alimentation : pourquoi payer davantage chez Rob que chez Colruyt ? Pourtant, bien manger est aussi un enjeu de santé publique - et je suis bien placée pour le savoir. Ce débat, poussé selon cette logique, peut aller très loin.
Enfin, on ne transforme pas un système de santé - l’un des meilleurs au monde - à la hâte. Si le ministre souhaite une médecine étatisée, homogène et contrôlée, il faut salarier l’ensemble des médecins, les informer clairement, et les orienter dès la fin de leurs études. Mais on ne peut demander à un praticien établi, ayant investi, emprunté et pris des risques, de voir ses revenus amputés du jour au lendemain.
Attendons de voir ce que donnera la réforme de la nomenclature, et comment seront valorisés les soignants avant de les pénaliser. Mais je suis peu optimiste, au vu du déficit abyssal du budget de la santé, que cette loi ne fera qu’aggraver ».
Union Belge des Prestataires de Soins.
L’équipe de rédaction Tempo Today
🌟 Annonce exclusive : découvrez l'orateur du 1er départ ! 🌟
Nous sommes ravis d'annoncer la participation exceptionnelle du Dr Matthieu Thimmesch, pneumopédiatre, lors du congrès en Laponie !
📚 Thèmes abordés :
Mucoviscidose en 2025 : nouvelles perspectives et défis.
Le sommeil de l’enfant : indicateurs clés et suivi optimal.
Mort subite du nourrisson : prise en charge des malaises infantiles.
Polysomnographie et syndrome d’apnées obstructives du sommeil : diagnostic et gestion.
🎯 Ne manquez pas cette opportunité unique d'approfondir vos connaissances dans un cadre exceptionnel. Les dernières places pour le 1er départ sont encore disponibles !
📅 Plus d'infos : https://lapland.icanncongress.org/fr/
➡️ Le congrès est organisé par iCann Life Sciences, initiateur et coordinateur scientifique de l'événement, avec la gestion logistique et la coordination assurées par Vivactis Benelux Medisquare, en partenariat avec Nordic.
hashtag Congrès2024 hashtag Laponie hashtag SantéPédiatrique hashtag DrThimmesch