Augmenter significativement la couverture vaccinale contre la grippe chez les enfants pourrait fortement réduire la charge globale de la grippe saisonnière en Belgique. C’est la conclusion d’une vaste étude menée par le Centre for Health Economics Research and Modelling Infectious Diseases (CHERMID) de l’Université d’Anvers, en collaboration avec l’Université de Hasselt (UHasselt), publiée dans la revue Epidemics.
À l’aide d’un modèle dynamique de transmission et d’une analyse économique, les chercheurs ont comparé plus de 6 700 scénarios de vaccination. Plus de 90 % d’entre eux se sont révélés plus efficaces et plus rentables que la stratégie actuelle, centrée principalement sur les personnes âgées et les groupes à risque.
Les bénéfices les plus marqués concernent la vaccination des jeunes enfants (<5 ans) : porter leur taux de vaccination à 50–90 % permettrait chaque année d’éviter 84 000 à 140 000 cas de grippe, jusqu’à 1 000 hospitalisations et jusqu’à 37 décès, principalement parmi les seniors, grâce à l’immunité de groupe.
Le scénario le plus rentable combine une couverture vaccinale élevée chez les enfants (90 %) avec une légère augmentation chez les 50–74 ans. Ce modèle permettrait d’éviter environ 285 000 infections, 1 856 hospitalisations et 81 décès par an, tout en générant un gain sociétal net estimé à 131 millions d’euros par saison.
Ces résultats confirment que la vaccination pédiatrique aurait des effets bénéfiques sur la santé publique, mais soulèvent aussi des questions éthiques.
« Les principaux bénéficiaires d’une vaccination accrue des enfants sont les adultes », souligne le Pr Philippe Beutels, directeur du CHERMID. « Cela pose la question de l’opportunité d’immuniser les plus jeunes principalement pour protéger les plus âgés. Les décisions politiques doivent donc tenir compte non seulement des modèles, mais aussi de la faisabilité et de l’acceptabilité sociale ».
Plusieurs pays, comme le Royaume-Uni et les États-Unis, ont déjà intégré les enfants dans leurs programmes de vaccination contre la grippe, avec des bénéfices avérés pour l’ensemble de la population. Toutefois, les taux de vaccination y restent encore bien en deçà du seuil optimal de 90 % que suggère cette étude.
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L’équipe de rédaction Tempo Today