Les couches jetables modernes gardent si bien les fesses au sec qu’elles pourraient perturber l’apprentissage de la propreté. C’est la conclusion d’une étude menée par l’Université d’Anvers et l’UZ Antwerpen, qui a observé comment des tout-petits réagissaient lorsqu’ils urinaient avec ou sans couche.
Depuis quelques décennies, l’âge de début de la propreté a nettement reculé dans les pays occidentaux : là où l’on commençait vers 18 mois, l’entraînement se situe désormais le plus souvent entre 2 et 3 ans, et l’acquisition complète de la propreté glisse vers 3–3,5 ans. Les chercheurs suspectent que la généralisation des couches très absorbantes y contribue, en atténuant les signaux corporels et comportementaux liés au besoin d’uriner.
Dans une expérience menée chez 23 enfants de 18 à 36 mois, le comportement était comparé dans deux conditions, d’abord sans couche puis avec couche. Sans couche, davantage d’enfants signalaient qu’ils avaient envie de faire pipi (43 % contre 13 % avec couche), cherchaient le contact avec le parent ou le soignant (52 % contre 13 %), trépignaient ou bougeaient davantage les jambes (87 % contre 35 %) et interrompaient leur jeu au moment de la miction (87 % contre 35 %). Autrement dit, les signes d’élimination étaient bien plus visibles lorsque l’enfant ressentait l’humidité, ce qui permettait au parent de réagir et d’accompagner la mise sur le pot. Avec une couche très absorbante, l’absence de sensation de mouillé réduit la prise de conscience et l’expression de ces signaux, et les adultes risquent de manquer ces fenêtres d’apprentissage.
Les auteurs soulignent que ce décalage n’est pas seulement un enjeu éducatif. Une propreté plus tardive prolonge les coûts pour les familles, estimés en moyenne entre 35 et 50 euros par mois en couches jetables, et alourdit l’impact environnemental : chaque enfant utiliserait 5 000 à 6 000 couches avant d’être propre, soit environ 22 kg de déchets par mois, 260 kg par an et près d’une tonne par enfant sur toute la période de port de couches. À l’échelle des crèches et des écoles, la persistance des couches augmente aussi la charge de travail des équipes, au détriment d’autres tâches éducatives. Enfin, des travaux antérieurs ont montré qu’un apprentissage tardif de la propreté est associé à un risque accru de troubles urinaires et intestinaux (énurésie, constipation) plus tard dans l’enfance.
Cette étude suggère ainsi que le confort offert par les couches ultra-absorbantes a un revers discret mais important : il rend moins visibles les signaux naturels qui soutiennent l’apprentissage de la propreté.
L’équipe de rédaction Tempo Today