Édito de notre Dir Med : « A vouloir laver plus blanc que blanc, on se retrouve dans le noir… »

Le pétrole et le nucléaire, qui nous ont tant apporté, sont devenus au fil des décennies les vilains petits canards dont il fallait absolument se débarrasser au profit des énergies « propres » et renouvelables. Le gaz et l’électricité se sont donc imposés comme les premiers de la classe.

Parallèlement à cela, sous la pression des partis écologistes, les centrales nucléaires ont commencé à fermer leurs portes. Nos amis d’outre-Rhin ont été les premiers concernés et ont dû remettre en service leurs centrales au charbon. Une ineptie écologique quand on apprend qu’un kilo d’uranium naturel brûlé dans un réacteur nucléaire actuel permet de produire autant d’énergie que dix tonnes de charbons !⁽¹⁾

Le charbon empoisonne l’atmosphère à cause du rejet de CO2, dont il génère 44% des émissions mondiales, et contribue ainsi de façon non négligeable aux changements climatiques⁽²⁾. Ses cendres (15% du charbon utilisé) contiennent des particules fines, des métaux lourds (plomb, mercure et arsenic), des oxydes de soufre, des dioxines, de l’ammoniac et des goudrons, tous cancérigènes, du CO et de l’oxyde d’azote. Plus surprenant encore, on y retrouve de l’uranium et du thorium radioactif, à raison de plusieurs tonnes/an libérées dans l’atmosphère, pour une centrale à charbon de forte puissance. Le charbon est donc, à juste titre, considéré́ comme le combustible le plus dangereux et le plus nuisible de tous, polluant l’air et les rivières.⁽¹⁾ Rapportée à la quantité d’énergie produite, la seule production des centrales de charbon tue de l’ordre de 100 fois plus par KWh produit que le nucléaire⁽⁴⁾.  D’autant que les réacteurs nucléaires du futur, dits de 4^ième génération, devraient permettre de maximiser l’utilisation d’uranium en divisant par cent sa quantité nécessaire pour la même énergie produite.⁽³⁾

Les émissions polluantes des centrales électriques fonctionnant au charbon causeraient près de 20.000 morts/an dans l’UE ^(1-4) et en Allemagne, la réduction de l’espérance de vie estimée, pour la dizaine de millier de victimes, est d’environ 15 ans.⁽⁴⁾ L’European Respiratory Society (ERS) a évalué à 42,8 milliards d’euros, le coût des maladies respiratoires en termes de soins et d’absentéisme. Aux côtés de l’Allemagne, la Pologne et la Roumanie sont les pays européens qui utilisent le plus la combustion au charbon,⁽⁵⁾mais si on se place au niveau mondial, les pays émergents représentent 76,8% de la consommation mondiale de charbon, dont la chine pour environ la moitié.

Dès lors, n'est-il pas complètement absurde, dans un souci écologique, en voulant se passer de l’énergie nucléaire, de devoir réactiver les centrales de charbon et de se rendre de plus en plus dépendants de nations qui n’ont pas les mêmes valeurs écologiques, sociologiques et éthiques que les nôtres ? A vouloir laver plus blanc que blanc, on se retrouve dans le noir…

Dr Patrick De Moor

Médecin Généraliste

Directeur Médical Vivactis Group