Edito presto: « 40 ans déjà que Tintin est orphelin… »

L’expression « La ligne claire » est apparue pour la première fois aux Pays-Bas en 1977, lors de l’exposition Tintin à Rotterdam. Elle correspond à un graphisme sobre dont le souci premier est la netteté. Il s’agit, en systématisant le contour des objets, des personnages et des décors d’un trait à l’encre de même épaisseur, d’arriver à la plus grande clarté possible : unité esthétique, réalisme des décors, simplicité des couleurs avec une absence totale d’ombres et de hachures. Selon Hergé lui-même, la ligne claire fait partie du scénario, afin  de rendre compréhensible pour les plus jeunes un récit parfois complexe.⁽¹⁾

Tintin et les médecins : vous êtes-vous déjà demandé combien de fois au cours de ses aventures trépidantes, dans les 23 pays réels ou imaginaires qu’il a parcouru, notre reporter a-t-il été blessé, malade ou hospitalisé ? Un groupe de médecins passionnés a fait le décompte dans un article publié en 2015 dans la revue « La Presse médicale ». Les résultats sont impressionnants : au total, pas moins de 244 incidents médicaux ont été recensés. Malgré ses 33 accidents de voiture ou d’avion, et ses 46 pertes de connaissance, Tintin ne sera hospitalisé que 6 fois et ne subira que 2 actes chirurgicaux (dans l’Île noire et Objectif lune), entre autres par le Dr Rotule, ostéologue. Mais Il ne restera jamais très longtemps dans un lit d’hôpital. ⁽²⁾

Si Hergé a manifestement voulu préserver son héros des problèmes de santé, il n’en est pas de même de ses fidèles acolytes respectivement : alcoolique (Haddock), sourd (Tournesol) et nigauds (Dupont & Dupond)…

L’image qu’Hergé donne de la médecine au travers de ses albums n’est pas très élogieuse...

Même si les jeunes lecteurs ont appris des mots très savants comme psittacose, sinapisme ou peste bubonique, l’action de médicaments comme la quinine, le chloroforme ou le curare et que la quarantaine est une mesure utile dans la prévention des maladies infectieuses, il n’en reste pas moins que l’image globalement peu favorable des médecins ne fut pas susceptible de faire naitre des vocations.⁽³⁾

Hergé, voyageur immobile, est paradoxalement le plus sédentaire des dessinateurs et le plus bruxellois des Belges. C’est dans le quartier des Marolles que le petit Georges Rémi passe une partie de son enfance. Il s’imprègne très jeune du patois bruxellois qui sera plus tard une source d’inspiration, notamment dans le choix des jurons du capitaine Haddock.⁽⁴⁾

Hergé précurseur : Alors que la conquête spatiale fait rage entre les USA et l’URSS dans les années 50, c’est pourtant bien le célèbre dessinateur belge qui enverra, le premier, ses héros sur la Lune. Alors que Neil Armstrong foulera le sol lunaire en 1969, Tintin le fera 15 ans plus tôt en 1954. Pour mener à bien son projet, Hergé va s'entourer de spécialistes en tout genre dont le zoologue belge Bernard Heuvelmans et son ouvrage « l’homme parmi les étoiles » ou l'astronaute français Alexandre Anatoff  dont le  livre « L'astronautique » permit à Hergé d’imaginer la cabine spatiale dans laquelle Tintin voyagera jusqu'à la Lune.⁽⁵⁾

A travers son petit reporter, que certains jugeront peut-être fade et anodin, Hergé nous a pourtant tous fait voyager et rêver d’aventures. Il a surtout élevé la BD au rang d’œuvre d’art. Et aujourd’hui encore, la cote de ses œuvres ne cesse de grimper comme en témoigne la dernière vente aux enchères « d’objets Tintin » à Liège,  la semaine passée, dont certaines pièces se sont échangées à plusieurs dizaines de milliers d’euros.

Excellent week-end à tous !

Dr Patrick De Moor

Médecin généraliste

Directeur Médical

Vivactis Group