Entretiens politiques médiocres : les compétences en matière de consultations peuvent-elles aider ?

"J'ai récemment écouté un long entretien avec un homme politique important, où le répertoire de l'intervieweur semblait se composer de questions fermées ou suggestives, d'interruptions agressives ou de déclarations commençant par : 'Vous aviez vraisemblablement prévu', 'D'autres personnes vous ont reproché ceci et cela', et ainsi de suite.

L'enquêteur a enfreint à peu près toutes les règles que les professeurs enseignent lorsqu'ils forment les étudiants en médecine aux entretiens avec les patients. En effet, je peux imaginer utiliser cet entretien comme un exercice de formation pour identifier toutes les erreurs que l'on peut commettre lorsqu'on essaie d'amener les gens à parler d'eux-mêmes. Je sais que les journalistes sont censés interpeller les hommes politiques au nom du public, mais il y a une différence entre un questionnement intelligent et une discussion de mauvaise humeur ou un numéro d'humour.

Les choses peuvent empirer si l'intervieweur est sympathique à l'homme politique plutôt qu'hostile : le style est alors celui de la flatterie et permet des mensonges éhontés. Il n'y a apparemment pas de juste milieu entre gronder quelqu'un et le laisser s'en tirer à bon compte. Aucune des deux approches ne permet l'émergence d'éléments inattendus, tels qu'une révélation involontaire ou un argument réellement convaincant en faveur d'une politique.

Les deux types d'interviews sont essentiellement des formes de performance ou de divertissement. Ils reposent également sur le même raisonnement binaire que la salle d'audience : chaque accusé doit être déclaré coupable ou innocent plutôt que d'être encouragé à s'expliquer. D'une manière ou d'une autre, ces entretiens invalident le discours politique.

Je me demande ce qui se passerait si nous faisions suivre aux journalistes des cours sur les entretiens médicaux et si nous leur enseignions quelques techniques de base pour amener les gens à s'exposer davantage. Par exemple, un exercice que j'utilise souvent consiste à apprendre aux étudiants à avoir une conversation avec quelqu'un en appliquant trois règles simples : poser des questions ouvertes ; s'assurer que la question suivante découle toujours naturellement de l'histoire de l'autre personne ; et ne pas imposer ses propres idées. Cette méthode permet non seulement d'obtenir l'histoire d'une personne, mais elle est aussi souvent plus efficace pour faire ressortir des faits et des opinions qu'une enquête conventionnelle.

Une autre technique que la plupart des médecins apprennent par expérience consiste à obtenir des informations précises en adaptant soigneusement leurs questions. Par exemple, vous aurez plus de chances d'obtenir des réponses fiables sur le tabagisme, la consommation excessive d'alcool, l'usage de drogues ou l'exposition aux IST si vous n'évitez pas ces sujets ou si vous n'y confrontez pas les gens. Une recherche progressive permet souvent d'atteindre cet objectif.

Comme tout médecin le sait, il n'est pas nécessaire d'être irrespectueux ou de manquer de respect pour découvrir la vérité. Il suffit de poser les bonnes questions et d'être prêt à attendre les réponses."

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https://www.bmj.com/content/385/bmj.q1201