Être médecin, une vocation ou non ?

« Les jeunes médecins britanniques se sont récemment mis en grève pour tenter d'obtenir le même salaire que les employés des sandwicheries, et les opposants ont répété les règles de base déjà utilisées par les gouvernements dans le passé. Pour ceux qui s'intéressent vraiment à la vérité et à la résolution du conflit, tous les arguments concernant le salaire relatif des médecins, l'inflation, les revenus à vie, les pensions et les comparaisons internationales devraient être rapidement mis au placard. Il ne reste plus que le choix politique de l'affectation de ressources limitées. Et c'est là que devraient se situer le véritable débat, les décisions difficiles, la discussion et, espérons-le, la solution.

Mais une affirmation souvent utilisée à l'encontre des médecins peut apparaître comme une vérité gênante. Lorsque les autres arguments ont été épuisés, les cyniques affirment qu'"être médecin est une vocation, un privilège" et que "la vocation n'a rien à voir avec le salaire". Ont-ils raison ? Ou bien la vocation est-elle morte ?

Certains disent : bon débarras. Pourquoi un système de santé devrait-il être alimenté par la culpabilité, le devoir sans fin et le sacrifice au lieu de conditions de travail sûres, d'un salaire équitable et d'une réorganisation centrée sur le patient ? Certains disent qu'ils viennent travailler principalement pour être payés. Qu'il s'agit en fait d'un simple travail. Et pour ces personnes, ce point de vue pourrait être un antidote à l'épuisement professionnel - on ne peut pas s'épuiser s'il n'y a pas d'huile sur le feu. Mais je suis d'un autre avis.

Pour moi, le salaire est une exigence, mais il n'est en aucun cas suffisant. Je préfère "m'épuiser" en croyant que j'ai fait la différence, que j'ai fait un effort supplémentaire et que j'ai travaillé sur quelque chose qui est plus qu'un simple emploi. J'ai une vocation et pas seulement un travail. Mais cela ne m'empêche pas de crier "non" de temps en temps. Je peux encore dire que trop c'est trop. Je peux encore faire passer ma valeur et celle de mes collègues en premier lorsque c'est nécessaire. En fait, c'est ce que je dois faire, et ce que nous devons tous faire.

Parce qu'avoir une vocation n'est pas seulement une question de temps. Il s'agit de l'avenir, de veiller à ce qu'il y ait quelque chose à quoi d'autres sont appelés. Une profession qui peut continuer à s'occuper des patients et de leurs familles. Pas une profession fonctionnelle ordinaire qui a continué à trébucher sur la culpabilité, le devoir et le sacrifice jusqu'à ce qu'elle tombe la tête la première dans le feu.

Les vocations ne sont pas mortes, mais elles sont étranglées. Demander la justice, le rétablissement des salaires, de meilleures conditions, ou au moins des négociations, mais n'être capable que de faire grève, n'est pas la preuve que la vocation est morte. C'est la preuve qu'elle est toujours vivante. »

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