Selon le British Medical Journal, les médecins doivent disposer de lignes directrices nationales sur l'inscription de la pollution de l'air dans les certificats de décès.
La pollution de l'air est souvent considérée comme un problème moderne, mais dès l'époque romaine, les gens ont compris que l'air pollué affectait la santé humaine. En 61 après J.-C., Sénèque écrivait à propos de Rome : "À peine avais-je laissé derrière moi l'atmosphère oppressante de la ville et la puanteur des cuisinières fumantes [...] que je remarquai un changement dans mon état de santé.". En 535, l'empereur Justinien a déclaré que l'air pur était un droit pour tous : "Selon la loi de la nature, ces choses sont communes à l'humanité - l'air, l'eau courante, la mer". Mais il a fallu attendre juillet 2022 pour que les Nations unies déclarent que l'accès à un environnement propre et sain est un droit de l'homme universel. Au Royaume-Uni, le projet de loi sur l'air pur (droits de l'homme), également connu sous le nom de "loi d'Ella", est un projet de loi d'initiative parlementaire visant à inscrire dans la loi le droit à l'air pur. À l'heure où nous écrivons ces lignes, le projet de loi est en attente d'une deuxième lecture à la Chambre des communes.
De nombreuses données mécanistes et épidémiologiques établissent un lien entre la pollution de l'air et des affections qui se manifestent tout au long de notre vie : retard de croissance intra-utérin, perte de grossesse, troubles du développement, asthme, diabète, cardiopathie ischémique, démence, accident vasculaire cérébral et cancer du poumon. La commission Lancet sur la pollution et la santé estime que plus de 6,5 millions de décès par an dans le monde sont imputables à la pollution de l'air. Ce chiffre est en augmentation en raison de l'utilisation croissante des combustibles fossiles. Il n'existe pas de niveau de pollution atmosphérique sans danger et l'exposition dure souvent toute la vie. Comme pour de nombreuses injustices en matière de santé, ce sont les personnes les plus touchées qui contribuent le moins au problème.
Les certificats de décès ont de multiples fonctions : ils expliquent la cause du décès à la famille, leur permettent d'enregistrer le décès et constituent un document public accessible aux enquêteurs, aux avocats et aux agences nationales. Il est important qu'une source importante de mortalité évitable soit incluse dans nos statistiques nationales, car elle facilite la prise de décision.
Les certificats de décès sont un moyen important de collecter des données sur les causes de décès. Un décès résulte souvent de causes multiples à court et à long terme, de sorte que la préparation d'un certificat de décès dépend du jugement clinique du médecin. Le gouvernement fournit des conseils sur l'inclusion du tabagisme, de l'alcool et de l'exposition professionnelle, mais pas sur le moment où la pollution de l'air doit être incluse.
Compte tenu de cette lacune, un groupe de professionnels de la santé (membres de Greener Practice, y compris les auteurs et les professionnels de la santé du Respiratory Greener Practice Network) a écrit aux légistes de tout le pays pour leur demander leur avis sur les cas où il serait approprié d'inclure la pollution de l'air dans les certificats de décès. Une grande variété de réponses a été reçue. Il est inquiétant de constater que les médecins légistes ne sont pas conscients des niveaux élevés de pollution atmosphérique locale et de ses effets sur la santé, et qu'ils ignorent que la plupart des régions du Royaume-Uni dépassent les limites fixées par l'OMS. Un thème commun aux réponses est qu'"un décès causé ou favorisé par la pollution atmosphérique ne satisferait pas à l'exigence d'être dû à des causes naturelles", car il ne figure pas sur la liste des causes naturelles de décès prescrite par le Collège royal des pathologistes (RCPath).
Les légistes seraient donc obligés d'enquêter. Il est illogique que le décès dû à l'exposition à la fumée du tabac soit considéré comme une "cause naturelle" alors que le décès dû à l'exposition à la fumée des combustibles fossiles ne l'est pas. Le tabagisme et la pollution atmosphérique sont tous deux des causes de mort non naturelle qui devraient être traitées de la même manière dans les certificats de décès.
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L’équipe de rédaction Tempo Today
