De plus en plus de voix s’élèvent pour proposer régulièrement aux personnes à haut risque de cancer du poumon, comme les gros (ex-)fumeurs, un dépistage au moyen d’un CT-scan à faible dose.
Les possibilités de traitement et les chances de survie sont en effet nettement meilleures lorsque ce cancer est identifié à un stade précoce. Le Centre Fédéral d’Expertise des soins de santé (KCE) a été chargé de se pencher sur l’efficacité, la sécurité et le rapport coût-efficacité d’un tel dépistage. Il ressort de ses recherches que le dépistage du cancer du poumon présente des avantages et des inconvénients considérables, qui doivent être mûrement pesés par les autorités puis par les personnes à haut risque elles-mêmes. Le dépistage du cancer du poumon peut être coût-efficace si les autorités sont prêtes à débourser un montant de plus de €20 000 pour le gain d’une année de vie en bonne santé.
Contrairement à ce que l’on aurait tendance à supposer intuitivement, le dépistage comporte toutefois aussi des inconvénients tant pour les participants eux-mêmes que pour la société. Avant de décider d’organiser un dépistage au sein de la population, les autorités doivent donc soigneusement peser ses avantages et inconvénients. Le citoyen aussi doit être clairement informé de ces avantages et inconvénients pour pouvoir poser un choix éclairé ; il s’agit là d’une obligation éthique, même s’il en découle un plus faible taux de participation au dépistage.
Le KCE a été chargé d’investiguer l’efficacité, la sécurité et le rapport coût-efficacité d’un éventuel dépistage du cancer du poumon dans notre pays. Les résultats de cette étude sont présentés dans la figure ci-dessous, qui illustre les conséquences du dépistage pour 1000 personnes à haut risque.
Il ressort de l’examen de la littérature que le dépistage du cancer du poumon permet effectivement d’abaisser la mortalité par cancer du poumon de 21 % et la mortalité générale de 5 % chez les personnes qui y participent. Appliquée à la Belgique, notre analyse révèle ainsi que, si 1000 personnes à haut risque participent à trois tours de dépistage, celui-ci aura permis de sauver 3 vies 10 ans plus tard.
D’un autre côté, un certain nombre de participants seront inutilement inquiétés par un résultat dit faux positif. Ces personnes devront subir des examens invasifs supplémentaires tels que des biopsies, des bronchoscopies ou même des interventions chirurgicales. À côté du stress inutile qu’elles engendrent, ces procédures peuvent aussi entraîner des complications. En outre, un certain nombre de participants recevront un résultat indéterminé (non concluant) imposant la réalisation d’un nouveau CT-scan, avec le stress, les désagréments et les coûts supplémentaires qui en découlent.
Chez certains participants, le dépistage amène par ailleurs à diagnostiquer et à traiter des tumeurs qui, si elles n’avaient pas été identifiées, n’auraient évolué que très lentement voire pas du tout et n’auraient représenté aucun danger, parce que le patient serait mort de vieillesse ou d’une autre maladie avant qu’elles ne deviennent éventuellement problématiques (surdiagnostic et surtraitement).
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https://kce.fgov.be/fr/a-propos-de-nous/communiques-de-presse/le-depistage-du-cancer-du-poumon-peut-sauver-des-vies-mais-il-presente-aussi-de-serieux
L’équipe de rédaction Tempo Today