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Ce matin en arrivant au bloc, on nous annonce que le programme opératoire prévu jusqu’à 18h30 devra se terminer à 15h30, faute de personnel soignant disponible, et qu’il faudra reporter les autres cas prévus… Sauf que le programme des semaines à venir est déjà complet et que ce genre d’événements est de plus en plus récurrent… Le problème devient donc quasi inextricable… Mais comment en est-on arrivé là ?
Un personnel infirmier débordé et en sous-effectif (tant par le nombre que par l’absentéisme croissant), un nombre insuffisant de lits disponibles car certaines unités sont contraintes de fermer faute de soignants, un service d’admission et un accueil des patients mal organisés, des lits de soins intensifs bloqués par des patients « chroniques » obligeant certaines interventions lourdes à être postposées, le brancardage qui assure le transfert des patients de leur chambre au bloc qui s’assimile souvent à un jeu de « cache-cache / trouve-moi » à travers tout l’hôpital… sont autant d’écueils imprévus dans une journée opératoire auxquels le chirurgien et son équipe composée d’un/une anesthésiste, d’un/une assistant(e) ou PG (Post-gradué), d’un/une instrumentiste et d’un infirmier(e) circulant(e) en salle font devoir faire face...
Un personnel infirmier débordé et en sous-effectif : ce 16 janvier dernier, nous apprenions que le personnel soignant du bloc opératoire de la clinique de jour de l’hôpital ERASME s’était mis spontanément en grève, obligeant l’hôpital à suspendre toutes les interventions, pour marquer leur « ras-le-bol » concernant le manque d’effectif…(1)
Ce n’est pourtant pas la première fois que le secteur infirmier appelle au secours pour qu’on renforce leurs équipes et allège leur charge de travail… En 2023 il ne manquait pas moins de 25 à 30.000 infirmier(e)s en Belgique et l’offre était bien inférieure à la demande(1-2). On peut aisément comprendre qu’un métier en pénurie de personnel, aux horaires variables, aux lourdes charges de travail, aux implications humaines conséquentes, au salaire et au nombre de jours de congé peu attractifs, aux 4 années de formation au lieu de 2 ou 3, n’attire plus grand monde vers la profession… Une revalorisation effective du secteur est donc indispensable à court terme si on veut maintenir la qualité et l’accessibilité des soins en Belgique… Ce n’est malheureusement pas le seul problème, même si c’est certainement le plus crucial.
Des hôpitaux saturés par manque de lits disponibles : beaucoup d’hôpitaux se sont vus contraints de fermer certaines unités faute d’un personnel soignant suffisant pour assurer leur fonctionnement correct.
Un service d’admission défaillant : On demande donc aux patients d’arriver le jour même de leur intervention, en fonction de l’heure de passage prévue au bloc. Opéré à 10h, soyez là pour 8h – pour 14h, soyez là à midi, etc. Au-delà du stress que cela peut générer, ils doivent, une fois sur place, encore affronter le laborieux parcours du passage par les admissions… Certains restent parfois plusieurs heures en « stand-by » parce que leur chambre n’est pas prête ou libre, ou pire parce qu’ils n’en ont pas… Ou tout simplement parce qu’on a oublié de les appeler…
Il arrive donc au chirurgien, d’attendre en vain un patient, censé être arrivé dans sa chambre, préparé et prémédiqué, parce qu’il est toujours bloqué aux admissions ! Commence alors un jeu de « table musicale » pour savoir s’il n’y a pas moyen d’intervertir 2 interventions, si par chance le patient suivant est déjà hospitalisé…
Suit alors, le ballet des brancardiers, chargés d’amener le bon patient dans la bonne salle d’opération… Là encore, malgré l’appui d’applications et de programmes sophistiqués, il n’est pas rare de ne pas pouvoir localiser le patient à opérer, car faute d’une chambre qui ne s’est pas libérée à temps, il a été redirigé dans un autre service… L’infirmière de salle, commence alors un petit jeu de « trouve-moi où je suis » par une succession d’appels téléphoniques afin de remettre la main sur la brebis égarée…
Pas de lit d’USI disponible : parfois également, le chirurgien se voit refuser d’opérer un patient, pourtant prévu au programme, pour une chirurgie lourde, car il n’y a pas de lit d’USI disponible… La demande avait pourtant été faite en temps utile puisque les programmes sont en général bookés une dizaine de jours à l’avance, mais parfois, les urgences du week-end sont venues redistribuer les cartes…
Si tout cela génère un stress considérable pour le patient, qui devrait arriver le plus serein possible à son intervention, il en est de même de l’équipe chirurgicale qui, en plus du stress inhérent à l’opération va devoir gérer au mieux tous ces impondérables…
Mais pourquoi une telle désorganisation ? Je ne peux m’empêcher de faire un parallèle avec l’accueil dans un grand hôtel… Comme à l’hôpital, vous avez dû vous inscrire et remplir une fiche personnelle bien à l’avance, sauf qu’arrivé sur place, on vous reçoit chaleureusement, on confirme en quelques minutes votre séjour sur place, on vous donne les clés de votre chambre, on vous y conduit, on vous y installe et vous donne l’heure prévue des repas…
A cette différence près qu’on doit rester à jeun, (mais transposer simplement repas par intervention), j’ai du mal à comprendre pourquoi le service d’admission des hôpitaux, dont la pagaille généralisée semble être le « leitmotiv », ne fonctionne pas comme celui des hôtels ?
Excellent week-end à tous
Dr. Patrick De Moor
Références :
(1) https://bx1.be/categories/news/hopital-erasme-les-infirmiers-seraient-en-greve-themeclassic/
(2) tps://www.fokus-online.be/fr/societe/sante/penurie-dinfirmiers-loffre-est-bien-inferieure-a-la-demande/#:~:text=Candice%20De%20Windt%2C%20l'ambassadrice,e.s%20en%20Belgique.
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En effet , problème inextricable et de plus en plus fréquent !
Il faudrait que nos employés aux admissions aillent faire un stage dans un gros hôtel !!
Le prix de ses services, chambres, spa, repas ne comporte-t-il pas une marge bénéficiaire confortable?
"Le ratio EBE/CA HT idéal moyen d'un hôtel devrait se situer entre 30% et 40% du Chiffre d'affaires; on peut affirmer avec certitude que la marge bénéficiaire moyenne d'un hôtel se situe autour de 10 %."
Un hôtel non rentable n'est-il pas promptement fermé ? Par lequel de nos hostos commence-t-on ?
Personnellement, je suis passé 2 fois à la One Day d'Erasme, les 21 novembre et 12 décembre, sans problème ni stress.
On m'a demandé, pour le 21 novembre, de venir 3/4h plus tôt, le patient me précédant sur la liste ayant annulé.
Il est vrai que c'était sous anesthésie locale (mais avec une préparation)...
Dans ma carrière de chirurgien orthopédique, j'ai connu un quartier opératoire de plus en plus désorganisé durant mes dernières années opératoires.
Pas à la One Day, mais au "Grand Quartier", avec des plateaux d'instruments ne correspondant pas, voire troués car ayant été transportés (vive la centralisation des stérilisations, prônée par nos grands directeurs qui nous disent que c'est l'avenir...)