L’édito de notre Dir Med : « Ils ont froid… »

La Pandémie de la Covid-19, la guerre en Ukraine, l’inflation galopante, la crise migratoire, la hausse inadmissible de l’électricité, du gaz et des produits pétroliers, la difficulté croissante à trouver un logement décent à un prix abordable, les répercussions psychologiques indéniables de ces événements traumatisants successifs, ont conduit à une paupérisation grandissante et a mis à la rue une nouvelle population de SDF, de gens isolés mais aussi de familles, qui se sont vus, petit à petit, privés de leurs droits les plus fondamentaux d’êtres-humains civilisés.

Comment en est-on arrivé là ? Comment un virus micrométrique et la guerre dans un petit pays à l’échelle du globe ont-ils pu mettre à mal toute l’économie mondiale? il suffit de tirer sur un fil qui dépasse pour que notre société, savamment construite, se détricote aussitôt! Pourtant facile à comprendre, la « délocalisation » adoptée au niveau mondial, par pur profit économique, nous a tous liés les uns aux autres de manière irrationnelle. L’un d’entre nous fait « faux bon » et toute la chaîne se disloque, comme dans un jeu de domino où le premier qui bascule entraîne les autres dans sa chute…

A tout malheur quelque chose est bon, cela nous aura fait prendre conscience que dans tous les domaines, il faut favoriser les circuits courts, les producteurs locaux et marchés internes si possible. Évidemment, tous les pays n’ont pas de pétrole, ni de gaz, mais ils ont de l’eau, du soleil, du vent, et les capacités technologiques de les utiliser à bon escient. Il en est de même pour l’énergie nucléaire. Redevenons le plus autonome possible autant que faire se peut !

En attendant, la crise est là et a jeté sur nos trottoirs pour cet hiver un nombre croissant de personnes marginalisées et sans abri. Suivant le dernier recensement initié par la fondation Roi Baudouin en 2020, on dénombrait 4380 adultes et 933 enfants SDF à Bruxelles. Le constat est le même des 2 côtés du pays.⁽¹⁾ De nombreuses associations caritatives, la Croix-Rouge, le Samu Social, Fedasil, Médecin sans frontière et Médecin du monde, tirent la sonnette d’alarme sur l’augmentation inquiétante de « MENA » mineurs étrangers non accompagnés, en errance à Bruxelles. La situation est d’autant plus inquiétante que les moyens et les ressources pour un accueil et un accompagnement adaptés de ces jeunes sont drastiquement manquants.⁽²⁾

Certes, leur trouver à tous des repas et un endroit où passer la nuit au chaud avec un peu de réconfort humain est une priorité à court terme, mais cela ne résoudra pas l’avenir de cette population marginalisée qui erre dans nos villes. Pour cela, j’apprécie le modèle sociétal américain qui donne à chacun la possibilité d’exercer un petit job, quel qu’il soit, pour gagner sa croûte. Chez nous, non-plus, cela ne devrait pas manquer, quand on voit l’état de propreté de nos villes, l’aide et l’accompagnement aux seniors, le nombre d’entrepreneur se plaignant de ne plus trouver de petites mains disponibles… Le tout encadré par une politique migratoire mieux gérée et mieux adaptée, ainsi qu’une défiscalisation des petits boulots, serait sans doute un premier pas pour sortir de l’impasse.

Il serait bien présomptueux de croire qu’on puisse détenir la solution miracle à tous ces problèmes sociétaux, mais je pense sincèrement qu’une approche plus humaine et plus respectueuse, donnant à chacun l’occasion de trouver sa place serait un premier pas vers une démocratie plus harmonieuse et plus sereine.

Bonnes fêtes de fin d’année à tous et n’oubliez pas, si vous en avez l’occasion, de donner un petit coup de pouce à ceux qui ont en ont besoin…

Dr Patrick De Moor
Médecin Généraliste
Directeur Médical
Vivactis Group