L’édito de notre Dir Med : « La Stévia et le paradoxe des édulcorants »

Les substituts au sucre les plus courants sont l’acésulfame K, l’aspartame, l’advantame, les cyclamates, le néotame, la saccharine, le sucralose, et plus récemment la Stévia.¹ Tous ces édulcorants sont-ils équivalents ? Il en est un qui, depuis quelques années, fait l’objet de toutes les attentions : la Stévia...

La Stévia (ou stévia rebaudiana), est une plante médicinale originaire d’Amérique du Sud, qui contient plusieurs molécules dont les deux principales sont le rebaudioside et le stévioside.  Le rebaudioside est un édulcorant dont le pouvoir sucrant est 200 à 300 fois celui du sucre et qui ne produit aucune calorie.² Son intérêt est croissant puisque cette plante occupe actuellement un tiers du marché des édulcorants. Cela n’a pas échappé au Paraguay, pays d’origine de la Stévia, qui a flairé la bonne affaire, puisque la culture de la Stévia rapporte 8x plus que celles des céréales.

Mais par son autre substance active, le stévioside, la Stévia semble avoir également des propriétés médicinales très intéressantes. Cultivée et utilisée au Paraguay depuis la nuit des temps, le Japon (qui n’a jamais validé l’aspartam) a reconnu très tôt les valeurs thérapeutiques de la Stévia et autorisé sa culture sur le sol nippon. Depuis quelques années l’Allemagne, la Suisse, les USA et la France ont également légalisé sa culture . Parmi ses propriétés : ³

• Bénéfique pour les diabétiques (DT2) : il stimule la sécrétion d’insuline et en réduit la résistance. Qui plus est, il diminue le désir ou l’appétit pour les sucreries et les graisses.
• Bénéfique contre les infections:  il stimule le système immunitaire et aurait une action antimicrobienne contre certains agents pathogènes.
• Bénéfique au niveau cutané par un effet cicatrisant et bactéricide sur les plaies.
• Et enfin, bénéfique au niveau cardiovasculaire: comme hypotenseur, vasodilatateur et cardiotonique.

Ce qui est très étonnant, c’est que l’industrie alimentaire, qui promeut la Stévia à grand renfort de campagnes publicitaires  dans les régimes alimentaires pour perdre du poids et comme substitut sucré chez les diabétiques, n’utilisent que la chaîne édulcorante de la stévia (le rebaudioside), mais ils écartent la chaîne pharmacologique, qui possède toutes ces propriétés médicinales (le stévioside). Hors, c’est justement dans son format entier que la plante (feuilles vertes - feuilles sèches) préserve tous ses principes actifs.

Autre paradoxe, L’OMS a également signalé que « Remplacer les sucres libres par des édulcorants non sucrés ne contribuent pas à contrôler la masse corporelle ni à réduire le risque de maladies liées au poids et leur utilisation, sur le long terme,  pourrait, finalement, être plus néfaste que bénéfique avec un risque accru de diabète de type 2 et de maladies cardiovasculaires. »¹ Il semble que pour réduire l’appétit il ne suffise pas d’ingurgiter des produits au goût sucré, il faut également un apport calorique concomitant, ce que les édulcorants ne font pas. Et cela, les géants de l’agroalimentaire en sont bien conscients : les produits « sugar free » ont tendance à stimuler l’appétit et donc in fine feraient plutôt grossir que maigrir ! ⁴

Nous faisons décidément tout de travers : on utilise les édulcorants pour faire maigrir et améliorer le diabète, alors qu’à long terme ils ne font qu’aggraver la situation et  nous utilisons la molécule édulcorante de la Stévia pour les même raisons alors qu’il serait manifestement plus adéquat pour notre santé d’utiliser l’autre partie de la plante...

Bon week-end à tous
Dr. Patrick De Moor