L’édito de notre Dir Med : « L’éco-anxiété : un mal-être contemporain »

« L’éco-anxiété »  est un mot créé en 1997 par la médecin-chercheuse belgo-canadienne,  Véronique Lapaige, et dont la définition n’apparaît pas encore dans nos dictionnaires.⁽²⁾ L’éco-anxiété n’est pas considérée comme une maladie mentale figurant dans les classifications internationales, ni une pathologie en tant que telle, mais cela n’empêche pas les personnes éco-anxieuses d’avoir un certain nombre de symptômes liés aux troubles anxieux : attaques de panique, angoisses, insomnies, pensées obsessionnelles, troubles alimentaires, émotions négatives (peur, tristesse, impuissance, désespoir, frustration, colère…).⁽³⁾

« L’écho-anxiété » est souvent associée ou confondue avec « la solastalgie », néologisme utilisé en 2003 par Glenn Albrecht, philosophe  de l’environnement. Ils diffèrent cependant au niveau temporel : « l’écho-anxiété » est une angoisse d’anticipation liée au futur et à l’incertitude des effets du changement climatique, alors que « la solastalgie » est davantage tournée vers le passé, un malaise face à ce qui est déjà perdu : la nostalgie d’une nature amenée à disparaître, une sorte de mal du pays mais tout en étant chez soi…⁽³⁾  Pour citer le Dr. Alice Desbiolles : « Le mal du pays : c’est le pays que l’on quitte, la solastalgie : c’est le pays qui nous quitte ^{» .(4)}

« L’éco-anxiété » se définit par l’American Psychological Association comme « une peur chronique de la catastrophe environnementale » et donc assimilable à un stress pré-traumatique. Le déclencheur de l’éco-anxiété peut être lié à un stress direct : comme suite aux inondations de 2021 en Belgique ou à un stress indirect : une catastrophe climatique dans le monde, relayée par les médias et les réseaux sociaux, mais qui pourrait bien nous arriver dans un futur proche…⁽⁵⁾

Les nouvelles générations fustigent leurs pères d’avoir négligé l’environnement dans lequel elles devront vivre… Elles sont pleines de bonnes intentions pour tenter de limiter les conséquences du changement climatique en marche et améliorer notre empreinte carbone : modes de déplacement à vélo ou en véhicules électriques, sources d’énergie propres et renouvelables, approvisionnement en circuits courts… Elles ont parfaitement raison et notre prise de conscience à très certainement été trop tardive !

Mais en pratique, la façon dont fonctionnent encore, bon nombre de jeunes, reste largement perfectible: usage abusif des réseaux sociaux, des smartphones et des courriels en tout genre (gros consommateurs d’énergie), commandes d’achats sur internet et livraisons à domicile, utilisation des transports aériens à la demande quand il s’agit, par exemple, de se rendre à l’étranger pour un EVG* ou EVF* (*Enterrement de vie de garçon ou de fille)…

La fin du monde climatique n’est pas pour demain, et sans pour pourtant verser dans « l’éco-anxiété »,  il est plus que temps d’en freiner sa progression pour protéger les générations futures. Encore faut-il les conscientiser, elles aussi, des erreurs qu’elles commettent encore, nuisant largement à leur environnement…

Excellent week-end à tous,

Dr Patrick De Moor

Références :

1. https://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=3918955: une enquête scientifique menée en 2021 dans dix pays a permis à 10.000 jeunes de 16 à 25 ans de s'exprimer sur ce sujet.
2. https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/developpement-durable/qu-est-ce-que-l-eco-anxiete-et-soeur-jumelle-la-solastalgie_163637.amp:
3. https://www.jean-jaures.org/publication/eco-anxiete-analyse-dune-angoisse-contemporaine/
4. Alice Despiolle, médecin en santé publique et épidémiologiste , auteure du livre : « L’éco-anxiété »
5. https://www.ecoconso.be/fr/content/eco-anxiete-et-solastalgie-cest-quoi#:~:text=L'%C3%A9co%2Danxi%C3%A9t%C3%A9%20serait%20%C2%AB,des%20effets%20du%20changement%20climatique