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L’édito de notre Dir Med : « Maladies longue durée, une véritable épidémie… »

Cette semaine, j’ai été interpellé par un article du Trends qui avait pour titre : « plus de malades à long terme que de chômeurs ». Aujourd’hui, la Belgique recense une fois et demie plus de malades de longue durée que de chômeurs. Il y a 30 ans, 2,5% de la population était concernée, aujourd’hui c’est plus du double.(1)

Après les pays scandinaves, en Europe, c’est la Belgique qui dépense le plus pour ses malades de longue durée, mais le coût à supporter par les entreprises est également considérable. L’OCDE estime en 2022 ce montant à 5,3% du PIB, ce qui place la Belgique au double des autres pays européens (3,6%).(1)

Comment en est-on arrivé là ? Si le burn-out est une maladie qui a aujourd’hui entièrement sa place parmi les pathologies actives de notre société, il ne faut pas en faire une maladie « fourre-tout »… C’est une entité bien spécifique qui répond à des critères d’évaluation précis. Tous les gens stressés ou insatisfaits par leur travail n’en sont pas pour autant atteints.

Les personnes sujettes au burn-out ont un profil bien spécifique : elles sont consciencieuses, aiment leur travail et mettent un point d’honneur à ce qu’il soit bien fait. Elles se donnent corps et âme dans leur boulot mais ne reçoivent pas la reconnaissance attendue de leur hiérarchie qui, au contraire, en profite pour les charger toujours plus, les sachant  « jusqu’au-boutiste ». Ils se sentent débordés et sous-estimés, ne parviennent plus à assumer correctement les tâches qui leur sont confiées et basculent alors dans la maladie.

Alors quand on lit que la tranche la plus touchée de la population est celle des jeunes de 20 à 35 ans, il y a vraiment de quoi se poser des questions ? Un quart des jeunes malades de longue durée le sont pour cause de burn-out… Aussi improbable que choquant !

Pire encore, la moitié des personnes qui étaient auparavant chômeuses ont basculé leur statut d’assisté sur les allocations pour maladie de longue durée. Leur indemnité de chômage s’est ainsi soudainement transformée en indemnité de maladie pour troubles mentaux (dépression et burn-out).(1)Ahurissant !

A qui la faute ? Le fait d’avoir reconnu le « burn-out »  comme maladie professionnelle, même si c’est réellement le cas, a été une erreur qui aujourd’hui nous coûte très cher, car elle a permis d’ouvrir une faille dans le système par laquelle se sont engouffrés tous les carotteurs professionnels… La famille Tuch, chômeur de père en fils, y a très vite vu la meilleure opportunité de vivre au crochet de la société en toute quiétude…

La faute aussi à des médecins-conseils pas assez rigoureux, qui ont une fâcheuse tendance à fermer les yeux sur ces pathologies trop compliquées à décortiquer et à remettre au travail…

Certains médecins généralistes, un peu trop conciliants avec leurs patients, ont sans doute aussi leur part de responsabilité en étiquetant trop vite de « burn-out » des états de « troubles de l’humeur temporaires » où il ne faut y voir qu’un excès de fatigue et de stress.

Soyons donc tous solidaires et vigilants, dans une société qui croule sous les dettes, et où certains n’hésitent pas à profiter honteusement du système, sur le dos de ceux qui bossent honnêtement et qui, pigeons, payent pour eux…

Ne serait-il pas possible d’envisager un modèle sociétal qui favorise ceux qui travaillent et font tourner le moulin au lieu d’encourager ceux qui se complaisent dans l’inactivité rémunérée ?

Bon week-end à tous !

Dr Patrick De Moor

Médecin généraliste

Directeur Médical Vivactis Group

Référence :

  • Trends tendances, 47 année – N°35 – 1 er septembre 2022 – Opinion : « Plus de malades à long terme que de chômeurs » par Rudy Aernoudt, Professeur d’économie à l’UGENT

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2 comments on “L’édito de notre Dir Med : « Maladies longue durée, une véritable épidémie… »”

  1. Cet article du confrère De Moore me choque. D'abord parce qu'en termes de maladies chroniques, le burn-out n'est absolument pas la seule maladie concernée. Dans l'ensemble des maladies chroniques, quelle est la part, le pourcentage, de celles dues au burn-out? Cela n'est pas précisé. Ensuite, plus spécifiquement vis-à-vis du burn-out, parce que le confrère De Moor considère ce problème en termes personnels. Il semble ignorer le contexte dans lequel les individus travaillent. Or nul ne peut ignorer que ce contexte a considérablement changé depuis une vingtaine d'années : la pression exercée sur les employés et ouvriers, tant dans le secteur public que privé, a considérablement augmenté. Il est demandé (le mot est faible) d'en faire toujours plus, toujours plus vite, avec toujours moins de moyens et de temps. Et cela pour une seule raison, tant dans le public que le privé : l'argent. Pour le secteur privé il s'agit de maximiser les bénéfices des actionnaires, pour le secteur public il s'agit de faire un maximum d'économies. Dans tous les cas, le processus est le même : pressuriser au maximum les gens pour tirer un maximum de bénéfices ou d'économies. La question du burn-out ne se pose donc pas au niveau individuel mais elle questionne notre modèle de société. Imputer l'importance du nombre des burn-out aux personnes, c'est éviter de se poser la question essentielle : pourquoi de plus en plus de personnes tombent-elles en burn-out? Comment se fait-il que notre mode de fonctionnement sécrète autant de burn-out? Ne poser la question qu'en termes individuels c'est faire l'impasse sur les véritables responsabilités dans un système qui dysfonctionne, et sur les changements inévitables à opérer. En d'autres termes : c'est se priver du moyen de résoudre le problème. Remettre au travail des gens en burn-out en les replaçant dans les mêmes conditions qui ont généré le burn-out ne peut que conduire à davantage de burn-out, voire à des comportements encore plus graves, par exemple suicidaires. Je ne suis pour autant pas naïf : je sais qu'il existe probablement des petits malins qui profitent habilement et honteusement de notre système de sécurité sociale si généreusement bâti par nos ancêtres. Mais je suis certain que ceux-là sont minoritaires, et je n'ai aucun doute quant à une soit-disant complaisance des Généralistes, et encore moins celle des Médecins Contrôleurs. En conclusion, selon moi, on ne résoudra le problème endémique du burn-out qu'en agissant sur les causes qui l'ont généré. Dr Jl Seillier.

  2. C'est très bien écrit, Monsieur De Moor, c'est une belle synthèse. MERCI beaucoup.

    Il est regrettable que nous ne puissions pas nous concerter (Médecin de la Mutuelle, Médecin du Travail, etc... pour voir ce que nous pourrions mettre en place "en amont" avant d'arriver au statut "d'Invalide"... Y compris la Personne concernée par ce "burn-out"...

    Mais je me suis laissé dire que nombre de Médecins de la Mutuelle étaient eux-mêmes proches de ce "burn-out"... de sorte que la boucle semble bien bouclée...

    Bref, ne nous en faisons pas trop, "ça va y aller" comme dirait ma Petite Fille...

    Bon W-E.

    J-Cl. Leeuwerck.

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