" Mon nom est docteur"

"Au cours des 20 dernières années, le personnel hospitalier a cessé d'utiliser les noms de famille. Je pense que cela part d'une bonne intention : réduire la différence de pouvoir entre les médecins et les autres membres du personnel ou les patients.

Les noms sont nos identifiants uniques. Si nous utilisons le prénom et le nom de famille, nous favorisons une communication claire ; les gens savent quelles sont nos qualifications et comment nous retrouver. Si nous n'utilisons que les prénoms, cela peut sembler amical, mais c'est aussi obscur.

En pédiatrie, certains jeunes médecins ont pris le parti de se présenter sous le nom de Dr Liz, par exemple. Non merci!. À moins d'être professeur de danse classique, il est déconseillé de se présenter par son prénom. Pour les jeunes enfants, la distinction entre Dr Prénom et Dr Nom est insignifiante. Pour les adolescents, c'est tout simplement condescendant. Pour les parents, c'est une source de confusion. Comment reprendre contact avec le Dr Liz si vous ne connaissez pas son nom de famille ?

L'utilisation des prénoms pour les médecins n'est pas seulement source de confusion, elle nuit également au professionnalisme des femmes et des personnes issues de groupes minoritaires sous-représentés. Lorsque les femmes médecins sont dépouillées de leurs caractéristiques extérieures, telles que leur titre ou leurs vêtements, il leur est encore plus difficile d'être reconnues en tant que médecins.

Comme beaucoup de médecins, lorsque la pandémie de covid-19 a démarré, j'ai commencé à porter un tablier au lieu de mes vêtements habituels. Soudain, j'ai remarqué que le nombre de demandes émanant de non-médecins augmentait rapidement. Peu importe que mon cordon porte l'inscription "Dr Menzin" en grosses lettres ou que mes trois cartes d'identité distinctes indiquent que je suis médecin. Vêtue d'une blouse, on me demandait encore plus souvent d'apporter des verres d'eau ou des tasses de café.

Le sexisme est encore si répandu que même lorsque tous les dossiers indiquent que la femme est médecin et que l'homme ne l'est pas, de nombreux patients supposent encore que l'homme est le médecin et que la femme ne l'est pas. J'ai gagné mon titre au cours de ma formation médicale et je l'ai fait mien avec mon sang, ma sueur et mes larmes.

L'utilisation d'un prénom ne résout pas l'inégalité. Si je veux remédier à la différence de pouvoir entre moi et mes patients (et j'y tiens beaucoup), je dois le faire en leur expliquant les options médicales qui s'offrent à eux et en les faisant participer à la prise de décision partagée.

Essayer d'atténuer l'autorité en utilisant les prénoms nuit à l'expertise. Dans un monde où de nombreuses personnes concluent déjà, sur la base de leurs préjugés implicites, que je ne suis pas médecin, la dernière chose dont j'ai besoin est de renforcer ces préjugés en supprimant mon titre".

En savoir plus

https://jamanetwork.com/journals/jamaneurology/fullarticle/2802979?guestAccessKey=1faf8b2b-372f-47bb-afe2-dfc777dbfed7&utm_source=silverchair&utm_medium=email&utm_campaign=article_alert-jamaneurology&utm_term=mostread&utm_content=olf-widget_04032023