Réforme Vandenbroucke : une logopède alerte sur les dérives et les menaces pour les patients

« Je suis logopède depuis plus de 15 ans maintenant et j’exerce en cabinet à titre complémentaire depuis 4 ans, après avoir été en full time pendant plus de 10 ans. Au fil des années, j’ai pu constater nombre d’incohérences dans la législation et surtout un vrai décalage entre les décisions prises par nos dirigeants et notre réalité de terrain.

Ne travaillant que sous prescription médicale, la première inquiétude avec la nouvelle réforme est de voir s’allonger la liste d’attente auprès des spécialistes pour les patients, retardant leur prise en charge dans mon cabinet. Nous avons déjà le couteau sous la gorge dès que nous suspectons des pathologies plus sévères, puisqu’il faut un an à un an et demi d’attente pour obtenir un rendez-vous chez un neuropédiatre. Pour les ORL, en moyenne, il faut désormais 6 mois d’attente contre 2 mois il y a quelques années. À quoi doit-on s’attendre si les praticiens sont obligés de mettre la clé sous la porte ?

Ma deuxième inquiétude concerne le plafond des honoraires. Je suis déconventionnée et j’ai choisi de fixer mes honoraires en fonction des frais engagés, notamment dans l’équipement (très coûteux) qui me permet de dispenser mes soins. Vais-je devoir vendre mon matériel et travailler avec un bloc et un crayon ?

Enfin, pour avoir participé pendant plusieurs années à des débats en commission de convention, je suis très inquiète de voir les modalités de concertation réduites et simplifiées. Or, les simplifications ne sont que rarement en faveur des secteurs de soins et, ici encore, il semble qu’il s’agisse de permettre plus facilement au ministre de prendre la main. Tout cela en toute impunité. Sommes-nous vraiment dans une démocratie »?