Présentée au congrès 2025 de l’ESMO, une étude rétrospective suggère que la vaccination contre la Covid-19 par vaccin à ARN messager, réalisée dans les 100 jours suivant le début d’une immunothérapie par inhibiteur de point de contrôle, pourrait presque doubler les chances de survie à trois ans chez certains patients atteints de cancer. Si ces résultats se confirment, un vaccin pensé pour une pandémie virale pourrait devenir un outil supplémentaire dans l’arsenal oncologique.
Les chercheurs ont analysé les données de plus de 1 000 patients traités entre 2019 et 2023. Chez ceux atteints d’un cancer du poumon non à petites cellules, la survie médiane était de 37 mois chez les patients vaccinés, contre 21 mois chez les non vaccinés. Dans le mélanome métastatique, la survie médiane n’était pas encore atteinte dans le groupe vacciné, alors qu’elle était de 27 mois chez les patients non vaccinés. L’effet semblait particulièrement marqué chez les tumeurs dites « froides », peu reconnues par le système immunitaire, où la survie à trois ans était multipliée par plusieurs fois après vaccination.
Sur le plan mécanistique, les auteurs avancent l’hypothèse d’un « coup de fouet » immunitaire : le vaccin à ARN messager met le système immunitaire en alerte, active les cellules effectrices, ce qui pousse les cellules cancéreuses à surproduire la protéine PD-L1 pour se protéger. Or les inhibiteurs de point de contrôle sont justement conçus pour neutraliser PD-L1 et lever ce bouclier. Le vaccin créerait ainsi une fenêtre où la tumeur se révèle davantage, au moment précis où l’immunothérapie peut l’attaquer plus efficacement.
Ces résultats restent toutefois exploratoires et issus d’analyses rétrospectives ; un essai de phase III randomisé est en préparation pour vérifier, de manière formelle, si l’intégration systématique des vaccins à ARN messager dans le parcours de soins améliore réellement la survie des patients atteints de cancer.
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L’équipe de rédaction Tempo Today