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Le 40ième anniversaire de l’assassinat de JFK à Dallas le 22 novembre 1963 fut l’occasion pour les médias de retracer la vie mouvementée et les malédictions qui se sont abattues sur la famille Kennedy : assassinats, overdose, crash aérien, disparition… Mais un des faits, jugé le plus choquant, fut la lobotomie de Rosemary, sœur ainée de John Fitzgerald, opérée par voie transorbitaire, à l’âge de 23 ans, par Freeman et Watts, car jugée un peu trop « délurée » et « incontrôlable » par son père, au sein de cette famille hyper-catholique…
Pour comprendre cet acte à priori barbare, prémices de la psychochirurgie, il faut se replacer dans le contexte de l’époque où aucun médicament n’existait pour soigner les troubles psychiatriques graves, les douleurs chroniques incurables, l’épilepsie, le parkinson…
Cette notion de « psychochirurgie » est apparue dans les années 1930 (1) et fait suite aux recherches du neurologue portugais Egas Moniz, qui développa une intervention appelée « Leucotomie ». Cette technique fut par la suite récupérée aux États-Unis par le neuropsychiatre Walter Freeman et le neurochirurgien James Watts qui la renommèrent « Lobotomie ». Tout d’abord pratiquée par voie préfrontale, elle fut, dès la fin de la seconde guerre mondiale, proposée par voie transorbitaire, à l’aide d’une simple aiguille.
Cette méthode connut un engouement sans précédent et pendant près de 2 décennies(2), plus de soixante mille lobotomies furent réalisées au États-Unis. En 1949, le prix Nobel de physiologie et de médecine fut même décerné au neurophysiologiste Walter Rudolf Hess et à Egas Moniz, pour leurs travaux sur l’angiographie cérébrale et la lobotomie.
Cette méthode fut malheureusement aussi très largement utilisée après la guerre , par le bloc de l’est comme technique de « lavage de cerveau », permettant de reconditionner le libre arbitre d’un individu dissident.
Plusieurs personnalités, autre que Rosemary Kennedy, subirent, avec plus ou moins de succès, une lobotomie durant ces années-là: La célèbre chanteuse québécoise : Alys Robi, pour dépression sévère, l’icône Evita Peron, actrice et femme politique argentine, pour des douleurs métastatiques insoutenables et le célèbre acteur hollywoodien : Warner Baxter, qui malheureusement décéda en 1951, des suites de ce geste…(3))
Suite à la découverte de nouveaux principes actifs médicamenteux à visée psychiatrique et neuroleptique comme la chlorpromazine, cette technique tomba rapidement en désuétude, même si elle ne fut pas complètement abandonnée…
La thalamotomie, un geste à l’origine de la stéréotaxie moderne(3) : À Philadelphie, Wycis et Spiegel et en France, David et Talairach préconisèrent la thalamotomie par radiographie, ventriculographie et l’électroencéphalographie combinées afin de repérer avec précision la position d’une aiguille dans le thalamus, à l’extrémité́ de laquelle on pratiquait une électrocoagulation.
La psychochirurgie n’est cependant pas morte(4) et dans le cadre actuel de la neurochirurgie fonctionnelle, elle connait un regain d’intérêt depuis une quinzaine d’années : mais au lieu d’être « neuroablative » elle est aujourd’hui « neuromodulatrice ». Elle a en effet permis d’ouvrir tout un nouveau créneau thérapeutique par les techniques de stimulation cérébrale profonde (DBS). Cette neuromodulation ouvre en effet des perspectives très prometteuses dans le traitement des dépressions, troubles obsessionnels compulsifs mais aussi dans le Parkinson, l’épilepsie et la chorée de Huntington.
Même si pour la pauvre Rosemary Kennedy , dont l’indication fut mal posée, outrancière et le résultat désastreux, qui passa le restant de ces jours dans une institutions spécialisée, il n’en reste pas moins que ces techniques « neuroablatives » par section du tractus thalamo-frontal, ont permis à la psychochirurgie et à la neurochirurgie fonctionnelle de progresser considérablement, aujourd’hui de manière non destructrice, par neuromodulation…
Comme toujours, la science évolue par essais et erreurs et toute découverte scientifique a son côté obscur, la déviant parfois de ces objectifs premiers qui sont d’améliorer notre condition humaine…
Excellent weekend à tous
Dr. Patrick De Moor
Références
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