La quotidienne d’actualité médicale et santé pour les médecins et pharmaciens belges.
Dans le monde professionnel d'aujourd'hui, un débat récurrent oppose l'expérience acquise au fil des ans à la maîtrise des nouvelles technologies souvent associée aux plus jeunes générations...
D'un côté, l'expérience professionnelle apporte une richesse de savoir-faire, une vision stratégique, une connaissance approfondie dans le domaine et une capacité à anticiper et résoudre des problèmes complexes grâce aux années de pratique. L’expertise est un atout précieux pour la formation des nouvelles recrues et pour maintenir une continuité.
De l'autre côté, les nouvelles technologies évoluent à un rythme effréné, et les jeunes générations, souvent qualifiées de "digital natives", sont généralement plus à l'aise avec ces outils. Elles apportent une perspective innovante, ainsi qu'une capacité à s'adapter rapidement aux nouvelles tendances technologiques. Leur familiarité avec les dernières applications, plateformes et outils numériques sont des stimulants de l’innovation.
Médecins d’hier et d’aujourd’hui : mais qu’en est-il de ces valeurs au sein de notre profession? La médecine a connu des transformations remarquables au fil des décennies, façonnée par des avancées scientifiques, technologiques et sociétales.
Le médecin d’hier, utilisait son expérience acquise pour orienter sa clinique et demander des examens complémentaires afin de valider son diagnostic. La relation médecin-patient était généralement plus personnelle et durable, souvent marquée par des visites à domicile et une connaissance approfondie du cadre familial et de ses antécédents.
Le médecin d’aujourd’hui, étroitement associé aux nouvelles technologies, les utilise souvent en première intention pour orienter son diagnostic. La démarche est donc très différente. La médecine moderne se caractérise également par une « surspécialisation ». Les médecins se concentrent d’avantage sur des domaines de plus en plus spécifiques, ce qui leur permet de développer une expertise approfondie mais peut aussi fragmenter le parcours de soins du patient. La relation médecin-patient est parfois perçue comme plus impersonnelle en raison de la pression du temps et des contraintes administratives.
Faut-il pour autant opposer « expérience » et « progrès » ? Certainement pas. Ces deux valeurs doivent être complémentaires et associées. Certes le jeune médecin, n’a pas encore d’expérience acquise et les nouvelles technologies lui sont donc d’une aide précieuse. Mais ne doit-il pas, pour autant, conserver la démarche de ses pères et considérer le patient au centre du dispositif médical plutôt que de le requalifier comme une somme de protocoles d’examens. De considérer, avant tout, le patient comme une personne ayant besoin d’aide, plutôt qu’une énigme médicale à résoudre au plus vite en fonction des moyens sophistiqués dont il dispose ?
Et de l’autre, le médecin expérimenté, qui doit constamment accepter de se remettre en question et se former pour utiliser au mieux les nouvelles techniques mises à sa disposition.
L'avenir de la médecine semble se diriger vers une « médecine intégrative », combinant le meilleur des deux mondes. Les médecins sont appelés à utiliser la technologie de manière judicieuse tout en conservant une approche centrée sur le patient .
En fin de compte, l'équilibre entre expérience et innovation reste la clé pour naviguer avec succès dans le paysage professionnel actuel. Bien que les outils et les méthodes aient évolué, l'objectif fondamental de la médecine reste le même : soigner et améliorer la qualité de vie de nos patients. En embrassant à la fois l'héritage du passé et les innovations du présent, nous, médecins pourront continuer à progresser dans notre mission essentielle.
Dr. Patrick De Moor
L’équipe de rédaction Tempo Today
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Encore un édito interpellant et pertinent. Merci de guider notre réflexion de semaine en semaine. Les ordinateurs sont géniaux et, par bien des aspects, ils sont plus performants que l’homme qui les a créés. Mais nos patients gardent leur humanité. Et les ordinateurs sont incapables de gérer le stress que toutes ces innovations génèrent dans leur vie qui leur échappe. Un médecin, par ses capacités d’empathie est irremplaçable. La qualité de vie d’un Homme ne se résume pas à une tuyauterie efficiente. Il a besoin de reconnaissance et de bienveillance, des notions qui échappent à l’objectif d’efficience de l’I. A.