La quotidienne d’actualité médicale et santé pour les médecins et pharmaciens belges.
Dans un contexte où les soins de santé sont devenus une priorité absolue, les hôpitaux, piliers de notre système de santé, sont dans la tourmente et le chaos qui y règne actuellement couplé à des déficits financiers chroniques, soulève des questions cruciales sur l'avenir des infrastructures de soins de santé...
Quelles sont les origines de ce chaos hospitalier ? Le manque persistant de personnel infirmier, soumis à une pression constante, l’a conduit à des niveaux élevés de stress et de burnout, majorant encore sa pénurie. Ce cercle vicieux, exacerbé par la pandémie de Covid-19, a mis en lumière les failles structurelles et organisationnelles de nos soins de santé. Les hôpitaux ont dû faire face à une surcharge de patients, souvent au-delà de leur capacité d'accueil, entraînant une fatigue extrême du personnel soignant et une qualité de soins parfois compromise. L’autre élément des « racines du mal » étant le déficit chronique de nos institutions hospitalières...
Pourquoi nos hôpitaux sont-ils quasiment tous déficitaires ? Plusieurs facteurs interconnectés sont à prendre en compte. Le financement des soins de santé ne suit pas le rythme de l'évolution des besoins. Les coûts des technologies médicales avancées, des médicaments innovants et des infrastructures modernes augmentent constamment, sans que les allocations budgétaires ne soient ajustées en conséquence. D'autre part, la gestion administrative des hôpitaux est souvent critiquée pour son manque d’efficacité pouvant conduire à des gaspillages financiers considérables. Les patients ne payant leurs soins qu’après leur sortie d’hospitalisation, ne semblent pas toujours pressés de s’acquitter de leur note... Un parti politique, précédemment au pouvoir, avait justifié « une médecine était trop cher pour tous » à l’examen des dettes cumulées de ménages en difficulté, pour lesquels les honoraires médicaux non payés arrivaient systématiquement en tête... Mauvaise analyse ! Quoi de plus normal que de régler en priorité les factures qui ne vous en donnent pas le choix : gaz-électricité-eau, taxes, remboursements de crédits divers (pas toujours indispensables) avant de régler vos factures santé ? Alors que par ailleurs, on vous bassine que les frais médicaux devraient être gratuits pour tous ! Les assurances en soins de santé, aujourd’hui mainmise majoritaire des mutuelles, jouent également un rôle très délétère dans le système. Étant à la fois « assureurs et payeurs » elles vendent des assurances « chambres privées » à leurs membres et le moment venu leur disent de ne surtout pas en parler lors de leur hospitalisation sous prétexte d’ engendrer un surcoût important. Malhonnêteté flagrante et abusive, surtout quand on sait que ce système tarifaire permet aux hôpitaux de diminuer activement leurs dettes...
Le financement des hôpitaux est partiellement lié aux revenus des médecins. Est-ce une situation saine ou vaudrait-il mieux séparer complètement les 2 sources de revenus? La question du lien entre le financement des hôpitaux et les revenus des médecins en Belgique est complexe et suscite un débat important. Lorsque les revenus des médecins sont partiellement liés à l'activité de l'hôpital, cela peut encourager une plus grande efficacité et productivité. Les médecins peuvent être motivés à attirer plus de patients et à offrir des services de haute qualité. Ce système peut aligner les intérêts des médecins avec ceux de l'hôpital, car les deux parties bénéficient de l'augmentation de l'activité et de la satisfaction des patients. Mais en revanche, Il peut y avoir un « conflit d’intérêt » avec le risque que les médecins privilégient les actes les plus rémunérateurs plutôt que ceux qui sont strictement nécessaires pour le patient, ce qui pourrait nuire à la qualité des soins. Ce système peut aussi conduire à des disparités de revenus significatives entre les médecins, en fonction de leur spécialité et de leur capacité à générer des revenus pour l'hôpital, ce qui peut être la source de tensions internes.
Il en résulte une ambiance plutôt délétère dans nos hôpitaux où l’individualisme des médecins prend souvent le pas sur une collaboration harmonieuse et sur l’unité des services. L’institution, qui de son côté, ne fait souvent qu’aggraver les choses en sollicitant toujours plus son personnel et ses médecins, ce qui exacerbe encore les tensions existantes...
Face à ces problèmes, il semble impératif de repenser notre approche des soins hospitaliers. Rationaliser pour mieux investir ! Une réforme globale de la gestion hospitalière et une approche collaborative, à la manière des grands groupes hôteliers, indépendante du revenu des médecins et surtout une valorisation des carrières (para)médicales pour attirer et retenir les talents. L'intégration des nouvelles technologies tels que l’IA et les systèmes de gestion avancée, pourrait améliorer l'efficacité opérationnelle, réduire les coûts inutiles et à offrir des soins de qualité à tous.
Nul n’est prophète en son pays... La Belgique à la réputation d’avoir un des meilleurs système de santé au monde. Il est admiré et envié par de nombreux états, et en fin de compte n’est pas tellement plus onéreux. Il a certainement besoin d’un petit coup de « dépoussiérage » mais en gardant le principe de médecins indépendants, souverains dans leur profession et non de petits soldats salariés de l’état comme en rêvent certains de nos gouvernants...
Bon weekend de Saint Nicolas à tous
Dr. Patrick De Moor
L’équipe de rédaction Tempo Today
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Cher confrère, le gros problème des médecins, c’est leur isolement. Et leur manque d’intérêt pour toute la soupe politique. C’est dommage car, en bout de course, ce sont ces politiques qui décident de leur sort. Depuis toutes ces années, vous prenez la peine d’attirer notre attention sur les choses qui fâchent, les dérives, les risques de dérapage. Vous débroussaillez ces sujets rébarbatifs et suscitez nos réflexions, nos mises en alerte. Merci pour vos informations, vos coups-de-G, vos recherches.