USA : la science en danger ?

Au cœur de la problématique se trouve une réforme budgétaire controversée visant à plafonner les coûts indirects à 15 % des subventions fédérales. Or, ces coûts, qui financent des infrastructures essentielles (maintenance des laboratoires, administration, sécurité et conformité réglementaire), sont indispensables au bon déroulement de la recherche. La justification de cette mesure, qui s’appuie sur une comparaison avec les taux plus faibles pratiqués par certaines fondations, révèle une méconnaissance fondamentale des mécanismes de soutien à la recherche universitaire. La conséquence immédiate pourrait être une baisse significative de la productivité scientifique.

Entre autres, les comités d’examen représentent le pilier du progrès scientifique. L’interruption de ces rencontres perturbe un processus essentiel à l’avancement de projets innovants – et ce, malgré un travail réalisé globalement de manière pro deo.

Par ailleurs, la stagnation des budgets alloués, en dépit de l’inflation, et l’augmentation modeste du salaire capitaire du NIH accentuent les difficultés auxquelles se heurtent les chercheurs, souvent confrontés à un décalage important entre les besoins réels et les financements disponibles.

Réformes structurelles et conséquences à long terme

Le rapport du House Committee on Energy and Commerce, publié en juin 2024, propose de restructurer le NIH en réduisant le nombre de ses instituts et centres, en instaurant des limites de mandat pour ses dirigeants et en renforçant la transparence financière. Cependant, plusieurs défis majeurs demeurent ignorés, notamment la lourdeur administrative et les délais excessifs dans l’octroi des subventions, qui freinent l’innovation. Ces obstacles affectent aussi bien les chercheurs extérieurs au NIH (extramuraux) que ceux intégrés à l’institut (intramuraux), compromettant ainsi la dynamique de recherche et la formation de la prochaine génération de scientifiques.

Les avancées réalisées grâce au financement fédéral – de la mise au point de techniques révolutionnaires telles que la PCR et la CRISPR, à l’évolution thérapeutique de maladies autrefois mortelles en conditions gérables – démontrent l’impact vital du soutien du NIH. La situation actuelle rappelle que l’investissement dans la recherche ne relève pas d’un luxe, mais bien d’une nécessité pour la santé publique.

Selon les auteurs, il est donc impératif que les décideurs politiques repensent la stratégie de financement et les mécanismes de gouvernance du NIH afin de préserver la capacité d’innovation et de garantir que les découvertes scientifiques continuent d’améliorer la vie de millions de personnes, appelant ainsi à une refonte urgente de l’infrastructure de la recherche fédérale.