Froid ou chaleur : qui tue le plus — et pour combien de temps encore ?

Selon une analyse mondiale, 9,4 % des décès sont attribuables à des températures non optimales, dont 8,5 % dus au froid, contre seulement 0,9 % à la chaleur — soit un ratio de près de 9 pour 1.

Cette prédominance du froid s’explique par la forme de la courbe d’exposition-réponse, souvent en U ou en J : le risque de mortalité augmente de part et d’autre d’une « température minimale de mortalité », propre à chaque région. Ainsi, une succession de journées modérément froides, même perçues comme clémentes, exerce un stress physiologique chronique sur les personnes vulnérables.

L’exemple de Barcelone, entre 2000 et 2018, illustre bien ce phénomène : 10 772 décès cardiovasculaires excédentaires ont été attribués au froid contre seulement 556 à la chaleur, en grande partie parce que la majorité des jours observés étaient sous la température optimale de 23,6 °C.

Pourtant, en termes de risque relatif, la journée la plus chaude de l’étude (32,1 °C) était associée à une hausse de 240 % du risque de décès, contre 50 % pour la plus froide (1,4 °C). Mais cette journée caniculaire n’est survenue qu’une seule fois en 19 ans…

Face au changement climatique, ce déséquilibre pourrait s’inverser. La fréquence croissante des épisodes de chaleur extrême étend la courbe de risque à des températures encore inobservées, amplifiant le fardeau sanitaire. Des projections montrent que les décès liés à la chaleur excéderont largement les quelques vies sauvées par la réduction des décès dus au froid. En somme, pour sauver le plus de vies à l’ère du réchauffement, l’urgence est aujourd’hui de mieux prévenir les morts liées à la chaleur.