Démence et maltraitance : un lien préoccupant avec la consommation d’alcool chez les aidants proches

L’étude a porté sur 453 aidants familiaux, dont la majorité (87 %) étaient des femmes, âgés en moyenne de 52 ans, tous vivant avec un proche atteint de démence. Deux niveaux d’exposition à l’alcool ont été analysés : une consommation jugée à risque (selon le test AUDIT-C) et la consommation quotidienne autodéclarée sur une période de 21 jours.

• 18 % des aidants ont été identifiés comme consommateurs d’alcool à risque.
• 75 % ont rapporté au moins un comportement abusif ou négligent durant les 21 jours de suivi.

Les résultats montrent que :

• Les aidants présentant une consommation à risque avaient presque 3 fois plus de probabilité d’avoir des comportements négligents (OR : 2,89) et plus de 2 fois plus de risque d’avoir des comportements psychologiquement agressifs (OR : 2,32).
• La consommation d’alcool sur une journée donnée, indépendamment de la quantité, était associée à un risque doublé de comportements physiquement agressifs (OR : 2,32) et à un risque accru de comportements négligents (OR : 1,66) ce même jour.

Aucun effet d’interaction entre la consommation chronique et la consommation ponctuelle n’a été observé, ce qui suggère que chaque facteur agit de manière indépendante.

La complexité de la charge émotionnelle, physique et psychologique du rôle d’aidant peut favoriser l’apparition de conduites maltraitantes, en particulier lorsque s’y ajoutent des facteurs comme l’alcool. Les auteurs plaident pour des interventions personnalisées, qui tiennent compte à la fois du contexte de la relation aidant-aidé, de l’épuisement des proches, et des habitudes de consommation. Intégrer un dépistage systématique de la consommation d’alcool chez les aidants pourrait ainsi contribuer à améliorer la qualité de vie des patients atteints de démence… et de leurs aidants.