Avoir le courage d'appuyer sur le bouton "pause"

"J'ai été admis à l'hôpital de jour, j'ai signé les papiers nécessaires, j'ai attendu mon tour pendant quelques heures et j'ai été transporté dans la salle d'opération. Ce n'est qu'à ce moment-là que tout a été annulé. À la lecture de ce rapport, on pourrait penser que le médecin a probablement été appelé pour une urgence parce que les médecins étaient en grève, ou qu'il y a eu un problème technique de dernière minute, comme une panne d'alimentation en oxygène. Ce n'est pas le cas. Quand on est à la fois médecin et patient, les choses sont rarement aussi simples. Ce qui s'est passé, c'est que le consultant a changé d'avis.

Je ne vous ennuierai pas avec des détails inutiles. En fait, on m'avait réservé une révision d'une intervention cardiovasculaire pratiquée dans un autre hôpital. J'en avais discuté avec le premier spécialiste et mon nouveau spécialiste, et tout le monde était d'accord pour dire que j'en avais besoin. Le nouveau médecin m'a prévenu dans sa clinique, et encore ce matin-là, que la révision pourrait être difficile ou longue. Ce n'est que lorsque j'étais sur la table, mais pas encore anesthésiée - je devais subir une anesthésie locale, pas une anesthésie générale - qu'il a revu les images de mon opération précédente et a décidé que les chances de réussite de la révision étaient trop faibles. Plus précisément, il s'est rendu compte qu'une autre forme de révision, effectuée par un autre spécialiste à un autre moment, aurait plus de chances d'aboutir au résultat souhaité. Il m'a demandé de descendre de la table, m'a montré les images, m'a expliqué son raisonnement et m'a renvoyé dans la salle de repos. Depuis, j'ai raconté cette histoire à de nombreux amis. Presque tous les amis non médicaux ont été déconcertés. Ils ont parlé du gaspillage des ressources du système national de santé, du fait que l'hôpital d'origine n'avait pas envoyé les photos à temps (elles sont arrivées en retard) ou du fait que mon nouveau médecin ne les avait pas demandées et examinées plus tôt. Certains amis étaient également préoccupés par l'impact émotionnel probable de ces événements sur moi en tant que patient et sur ma famille.

En revanche, la plupart de mes amis médecins ont réagi très différemment. Ils étaient conscients des contraintes de temps ridicules dans lesquelles travaillent la plupart des médecins. Ils ont été impressionnés par la capacité de mon chirurgien à s'arrêter, à réfléchir et à rappeler une équipe de huit personnes, y compris des infirmières et des radiologues, au lieu de continuer automatiquement.

Je dois dire que je suis en grande partie d'accord avec ceux qui admirent la décision du consultant. Lors de mes journées professionnelles, par opposition à mes journées en tant que patient, je passe beaucoup de temps à apprendre ce que signifie être un praticien réfléchi. Sans vouloir être inutilement flatteur, je peux difficilement imaginer un meilleur exemple que la volonté de cet homme d'appuyer sur le bouton pause alors que j'étais déjà sur la table d'opération".

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https://www.bmj.com/content/386/bmj.q1336