L’amour vu par la psychiatrie : qui se ressemble, s’assemble !

Les ressemblances entre conjoints ne se limitent pas au physique ou aux habitudes de vie : elles concernent aussi la santé mentale. Publiée dans Nature Human Behaviour, une étude menée en collaboration entre chercheurs taïwanais, danois et suédois a analysé les dossiers de près de cinq millions de couples à Taïwan, plus de 570 000 au Danemark et plus de 700 000 en Suède, couvrant environ 90 ans de naissances et un total de 14,8 millions d’individus.

Les résultats montrent des corrélations positives entre conjoints pour l’ensemble des neuf troubles psychiatriques étudiés, incluant la schizophrénie, les troubles dépressifs majeurs, les troubles bipolaires, l’anxiété, les troubles liés à l’usage de substances, l’anorexie mentale, le trouble obsessionnel-compulsif et le TDAH. Dans la plupart des cas, ces corrélations étaient comparables entre les cohortes nordiques et taïwanaises, à l’exception de l’anorexie, du TOC et du trouble bipolaire, où des divergences culturelles ont été observées.

L’analyse des tendances générationnelles à Taïwan met en évidence une augmentation des ressemblances conjugales pour les troubles liés aux substances, alors que celles liées au TOC diminuent. Par ailleurs, lorsque les deux parents partagent un diagnostic (par exemple pour la dépression majeure, la schizophrénie, le trouble bipolaire ou un trouble addictif), le risque pour les enfants est plus élevé. Ces constats sont cohérents avec les signaux de covariance génétique issus des études d’association pangénomique (GWAS), suggérant que l’assortiment non aléatoire des couples joue un rôle dans la transmission familiale des troubles psychiatriques.

En résumé, cette étude met en lumière un phénomène robuste et stable : les conjoints tendent à se ressembler sur le plan psychiatrique, et cette similarité a des répercussions non seulement sur les générations actuelles mais aussi sur le risque des générations futures.