"Les médecins souffrent en silence"

"Ces deux dernières années ont été marquées par de violentes attaques contre les médecins, accompagnées d'heures de travail encore plus longues, de patients plus malades, d'une rémunération à risque limitée et de sacrifices familiaux. Même avant la pandémie de Covid, les problèmes de santé mentale étaient un risque professionnel pour les médecins. La pandémie semble avoir aggravé la situation : Une enquête menée à l'automne 2020 et présentée à l'American Psychiatric Association a suggéré que pas moins de 36 % des médecins de soins primaires souffraient de SSPT. Les médecins présentent également un risque élevé de décès par suicide par rapport à de nombreuses autres professions. Malgré des expériences débilitantes, la profession médicale stigmatise souvent les médecins qui cherchent de l'aide pour leur santé mentale et érige des obstacles à ces soins. Dans un article de 2017, près de 40 % des médecins ont déclaré qu'ils hésitaient à demander des soins de santé mentale parce qu'ils craignaient que cela ne compromette leurs chances d'obtenir ou de renouveler leur licence médicale. Le Dr Glen Gabbard, professeur de psychiatrie clinique au Baylor College of Medicine, a consacré une grande partie de sa carrière au traitement des médecins. Il explique pourquoi ses patients ont du mal à admettre qu'ils ont besoin de soins : "Vous êtes censé tout savoir en cas de crise vitale. Il n'y a pas de place pour le doute", a-t-il déclaré. Le Dr Gabbard a fait remarquer que l'une des façons dont les médecins demandent de l'aide est la consultation "intermédiaire". Un ami peut vous arrêter à la cantine de l'hôpital et vous demander une ordonnance rapide de Prozac. Non seulement les médecins sont de terribles patients, mais nous avons souvent peu de temps et pouvons donner des soins médiocres à nos collègues. Selon le Dr Gabbard, ces consultations peuvent être trop précipitées et certains psychiatres se fient trop facilement aux connaissances médicales de leurs collègues. Tout cela a contribué à la création d'une sorte de marché clandestin de la santé mentale par les médecins. Une règle souvent tacite : si vous avez besoin de soins de santé mentale, faites-le en silence. Trouvez un thérapeute en dehors de votre ville qui ne documentera que le strict minimum dans votre dossier, ne paiera qu'en espèces et ne facturera pas votre compagnie d'assurance. Assurez-vous qu'il n'y a pas de trace écrite. En tant que médecins, nous sommes témoins de la face la plus laide et les plus glorieuse de l'humanité. Il est donc normal que nous soyons profondément émus et parfois troublés par tout cela. Reconnaître cette vulnérabilité n'est pas une faiblesse. Ça fait de moi un meilleur médecin. Je n'ai pas toutes les réponses, mais je ne peux plus rester sans rien faire et regarder mes collègues souffrir."

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https://www.nytimes.com/2022/03/30/opinion/doctors-mental-health-stigma.html