L'exposition aux pesticides liée à un risque accru de BPCO

L'exposition aux pesticides sur le lieu de travail tout au long de la vie est liée à un risque accru de BPCO. C'est ce que révèle une vaste étude de population publiée en ligne dans la revue Thorax.

Les résultats sont indépendants des principaux facteurs de risque de BPCO (bronchopneumopathie chronique obstructive) : le tabagisme et l'asthme.

Les expositions aux pesticides sur le lieu de travail sont d'importantes causes évitables de BPCO, des estimations récentes indiquant qu'environ 14 % de tous ces cas sont liés au travail, indiquent les chercheurs. Il peut être difficile de déterminer avec précision les emplois et les niveaux d'exposition qui ont le plus d'impact, car les études doivent inclure un nombre suffisant de participants, avec des antécédents professionnels complets, et être suivies sur une période de temps suffisamment longue.

Les chercheurs ont réussi à contourner ces difficultés en s'appuyant sur les données de la UK Biobank, une vaste étude de population portant sur plus d'un demi-million d'hommes et de femmes recrutés entre 2006 et 2010 dans tout le Royaume-Uni. Ils ont invité à participer à leur étude un échantillon aléatoire de plus d'un demi-million de personnes âgées de 40 à 69 ans parmi les patients du NHS qui vivaient à une distance donnée de 22 centres d'évaluation de la santé au Royaume-Uni.

À l'entrée dans la UK Biobank, des données personnelles, notamment l'âge, le sexe, le tabagisme au cours de la vie, l'emploi actuel et l'asthme diagnostiqué par un médecin, ont été recueillies et des mesures de la santé physique ont été effectuées. Ces mesures comprenaient la spirométrie, un test de la fonction pulmonaire qui mesure la quantité et/ou la vitesse de l'air pouvant être inspiré et expiré en une seule inspiration forcée. Les antécédents professionnels de ces participants ont été recueillis et codés à l'aide d'OSCAR, un outil en ligne validé, utilisé pour classer les emplois rémunérés pendant une période minimale de 6 mois. Une matrice d'exposition professionnelle a été utilisée pour coder trois niveaux d'exposition, de 0 (aucune) à 1 (faible) et 2 (élevée), à 10 catégories d'agents auxquels les travailleurs pouvaient être exposés sur leur lieu de travail. Celles-ci comprennent les poussières biologiques, les poussières minérales, les gaz et les fumées, les herbicides, les insecticides, les fongicides, les solvants aromatiques, les solvants chlorés, les autres solvants et les métaux, ainsi que deux composés de ces catégories, afin d'inclure tous les pesticides et les vapeurs, gaz, poussières et fumées.

Sans surprise, la prévalence de la BPCO était plus élevée chez les fumeurs actuels (17%) que chez les anciens fumeurs (9%) et les personnes n'ayant jamais fumé (7%).

Relativement peu de participants avaient été exposés à des pesticides dans le cadre de leur travail : un peu plus de 4 % chez les personnes atteintes de BPCO et 3,5 % chez les autres.

Mais près de la moitié des personnes atteintes de BPCO (48 %) et des personnes sans BPCO (47 %) avaient été exposées à un mélange de plusieurs agents. Notamment, la plupart des personnes n'avaient été exposées qu'à de faibles niveaux d'agents au cours de leur carrière.

Après prise en compte des facteurs potentiellement influents, l'exposition aux pesticides sur le lieu de travail, à quelque moment que ce soit, était associée à un risque accru de BPCO de 13 %, tandis qu'une exposition cumulative élevée (combinaison de l'intensité et de la durée de l'exposition) était associée à un risque accru de 32 %.

Aucune augmentation significative du risque de BPCO n'a été observée pour aucun des autres agents de la matrice d'exposition professionnelle, y compris les poussières et les métaux.

Plus d’infos

https://thorax.bmj.com/lookup/doi/10.1136/thoraxjnl-2020-216523