Quand l’amertume révèle des risques pour la santé

Ce gène, présent chez environ 70 % de la population, module la perception de l’amertume de certains composés présents dans des aliments comme le brocoli, le pamplemousse ou le raifort. Les personnes porteuses de deux copies du gène — dites « supergoûteuses » — perçoivent ces aliments comme particulièrement amers et tendent à les éviter.

 L’étude, menée à partir des données de la UK Biobank (près de 500 000 participants), révèle que ces individus consomment en général moins d’alcool, de raifort ou de pamplemousse, mais préfèrent des aliments comme le concombre, le melon ou le thé.

Les conséquences de ce profil gustatif ne se limitent pas à l’assiette. L’étude met en évidence une association entre le gène TAS2R38 et certaines maladies, notamment une plus grande prévalence de troubles bipolaires et de maladie rénale chronique. En cause, entre autres, une sensibilité accrue au sel : les supergoûteurs, bien que moins enclins à ajouter du sel à leurs plats, seraient paradoxalement plus attirés par les aliments modérément salés, ce qui pourrait conduire à une surconsommation insidieuse de sodium au fil du temps.

À l’inverse, le gène semble également jouer un rôle protecteur au niveau intestinal. Les porteurs présentent des taux plus élevés de Parabacteroides, une bactérie du microbiote associée à une meilleure santé digestive et à une inflammation réduite.

Bien que certains mécanismes, notamment la corrélation avec les troubles psychiatriques, restent à éclaircir, cette étude montre que nos préférences gustatives, façonnées par des gènes hérités de nos ancêtres, ont des répercussions bien plus profondes que ce que l’on croyait jusqu’ici.