Et si la sclérose latérale amyotrophique (SLA) était aussi une maladie du métabolisme ?
C’est la question soulevée par une équipe de l’Université Laval, dirigée par le Pr Chantelle Sephton (Faculté de médecine, Centre de recherche CERVO). Leurs travaux, réalisés sur un modèle murin, montrent que la façon dont les cellules du système nerveux utilisent l’énergie, combinée à l’inflammation, contribue à la dégénérescence des motoneurones dans le cerveau et la moelle épinière.
Chez le sujet sain, les cellules utilisent principalement le glucose comme source d’énergie. Dans la SLA, elles se tournent vers les lipides. Des études chez l’humain avaient déjà mis en évidence une baisse de l’utilisation du glucose dans le cerveau jusqu’à dix ans avant les premiers symptômes.
L’hypothèse de l’équipe est que les mitochondries sont « reprogrammées » pour utiliser les graisses, qui s’accumulent en gouttelettes lipidiques. Incapables de les métaboliser efficacement, elles génèrent un excès de lipides oxydés, très instables, qui endommagent ADN, protéines et membranes cellulaires, entraînant une réaction en chaîne délétère.
Les chercheurs ont testé l’arimoclomol, un médicament développé pour le diabète afin de diminuer les lipides dans le système nerveux central. Chez les souris, l’accumulation de lipides toxiques disparaissait et les fonctions cognitives et motrices s’amélioraient. Le Pr Sephton rappelle toutefois que l’arimoclomol, déjà évalué en essai clinique dans la SLA, n’a pas montré de bénéfice chez l’humain : il ne s’agit donc pas de proposer ce traitement, mais de démontrer, chez la souris, qu’une modulation de l’utilisation des lipides peut induire un changement métabolique.
Les chercheurs ont également observé que l’inflammation, déjà identifiée comme un facteur de la maladie, aggrave l’accumulation de gouttelettes lipidiques. Plus l’inflammation est importante, plus ces gouttelettes s’accumulent, installant un cercle vicieux où le stress cellulaire renforce l’inflammation et la toxicité des lipides, accélérant la mort neuronale. Les travaux suggèrent ainsi un lien étroit entre métabolisme et inflammation, sans que la direction de la causalité soit encore clairement établie.
L’idéal, selon le Pr Sephton, serait de cibler simultanément ces deux dimensions : réduire l’inflammation pour limiter l’accumulation de lipides, tout en restaurant la capacité des cellules à utiliser correctement les graisses. Ces données soutiennent l’idée que la SLA n’est pas seulement une maladie des neurones, mais aussi une maladie du métabolisme.
Pour en savoir plus, cliquez ici.
L’équipe de rédaction Tempo Today