Améliorer la prise en charge de la douleur chez les bébés prématurés

Les bébés prématurés, notamment ceux nés avant 37 semaines d'aménorrhée, subissent souvent de multiples interventions médicales douloureuses au cours de leur hospitalisation. Historiquement, ces douleurs étaient rarement soulagées adéquatement, faute d'outils adaptés pour les évaluer précisément. Aujourd'hui, plus de 40 indicateurs existent, combinant signes physiologiques (rythme cardiaque, saturation en oxygène) et comportementaux (grimaces, pleurs) pour tenter d'évaluer leur douleur.

Toutefois, ces méthodes restent imparfaites. Fiona Moultrie, pédiatre et chercheuse à l’Université d’Oxford, souligne que la douleur chez le prématuré est mieux appréhendée grâce à l’analyse de l’activité cérébrale par électroencéphalographie (EEG) et IRM, méthodes montrant une activation de zones cérébrales similaires à celles des adultes.

Par ailleurs, face aux risques associés aux traitements pharmacologiques (opioïdes, ibuprofène, fentanyl), des approches non médicamenteuses sont désormais privilégiées. Parmi elles, le contact peau-à-peau (« méthode kangourou »), l’allaitement, ou encore l’exposition à la voix parentale sont reconnues comme efficaces. Manuela Filippa, chercheuse à l’Université de Genève, a notamment démontré que la voix maternelle durant une procédure douloureuse induit une augmentation de l’ocytocine chez le bébé, protégeant ainsi son cerveau des effets néfastes de la douleur à long terme.

Enfin, des spécialistes tels que Björn Westrup prônent désormais la politique de « séparation zéro », favorisant une présence parentale constante dans les unités néonatales afin de réduire la douleur et le stress, améliorant ainsi le développement global des prématurés. Cette approche, couplée à une meilleure évaluation et prise en charge de la douleur, promet un avenir plus favorable pour ces enfants particulièrement vulnérables.