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L’édito de notre Dir Med: « Pauvre médecine de demain… »

La qualité et l’accessibilité des soins médicaux en Belgique, enviées par beaucoup de nos voisins mais rarement égalées, ont fait la réputation de notre médecine classée parmi l’une des meilleures au monde. Alors pourquoi nos dirigeants s’acharnent-t-ils à vouloir la rendre médiocre et centralisée comme le modèle britannique et faire de nous, praticiens, de simples fonctionnaires de l’Etat?

C’est pourtant un des souhaits les plus chers de notre actuel Ministre de la santé, Frank Vandenbroucke, qui rêve sans doute d’être à la tête d’une petite armée de médecins dociles, tous formattés dans le même moule et qui lui obéirait au doigt et à l’œil. Serait-il inspiré par le modèle de Big Brother dans « 1984 » de George Orwell ?

Il y a pourtant lieu d’être inquiet, comme le précise le Dr. David Simon dans sa lettre ouverte aux généralistes(1), quand on sait que c’est le programme du pseudo-syndicat flamand AADM (Alliantie Arstenbelang - Domus Medica), qui a tant séduit notre Ministre de tutelle, qu’il lui a confié la rédaction de son programme politique « le new deal pour le médecin généraliste ».

Je laisse à votre appréciation les idées défendues par l’AADM : la forfaitarisation de 60 % de nos honoraires, les actes étant ramenés à 30% (consultation à 11,20 euros et visite à 16,40 euros) et les 10 derniers % étant conditionnés par la réalisation d’objectifs chiffrés.

L’ inscription des patients chez un médecin généraliste sur base de l’adresse de son domicile, l’obligation de travailler dans une équipe pluridisciplinaire contractuelle voire dans des locaux partagés, la recertification de votre agrément de médecin généraliste tous les cinq ans sur base d’un examen de vos connaissances mais aussi l’évaluation de la qualité de votre pratique par les patients ainsi que par les autres professions de soins. »(1)

Le libre choix des patients pour leurs médecins, généralistes ou spécialistes, ainsi que celui de l’hôpital dans lequel ils souhaitent être pris en charge, le mode conventionné ou non des prestataires de soins, permettant aux patients et aux praticiens de choisir ce qui leur convient le mieux en toute indépendance, l’accès aux soins rapides et efficaces, à des technologies de pointe largement disponibles dans tout le royaume, ont fait de notre médecine belge « un must » quasi inégalé !

Alors pourquoi vouloir réduire tout cela à néant au profit d’une politique centralisée où la liberté des praticiens comme celle des patients seraient lourdement impactées. Tout cela dans quel but ? - Faire des économies ? Notre pays n’est pourtant pas dans le peloton de tête en Europe en dépense de soins de santé. Rapportés au PIB, nous sommes derrière la France, l’Allemagne, la Suisse et la Suède, et en PPA (en euros/ habitant), le Luxembourg, la Suisse, l’Allemagne, l’Autriche, la Norvège, les Pays-Bas nous précèdent(2). - Rabaisser les médecins au rang d’anonymes praticiens, sages petits fonctionnaires de l’état, évalués sur leur productivité?

Quand on entend Pedro Falcon, administrateur général adjoint de l’INAMI, évoquer : « une sérieuse baisse de la productivité chez les médecins généralistes comme spécialistes », on peut se demander sur quels critères allons-nous évaluer notre médecine de demain ? Sa qualité ou sa rentabilité ? Je voudrais remercier tout particulièrement le Dr. Nadja Hock, pour sa très émouvante réponse, publiée entre autres dans la Libre Belgique et qui se termine par ses mots : « Monsieur Facon, la médecine est un Art. Un Art dans lequel on ne peut exceller que si on garde l’envie et la liberté de le pratiquer. Sachez que, si l’envie est toujours bien présente, la privation progressive et constante de notre liberté d’exercer va transformer plus d’un d’entre nous en déserteur…»(3)

Vouloir nous imposer un tel mode de fonctionnement, est effectivement très mal connaître l’esprit libre et indépendant de notre profession, qui seul nous permet d’exercer sereinement et correctement notre métier, en conservant notre libre arbitre.

Bon week-end à tous,

Dr. Patrick De Moor

Médecin généraliste

Directeur Médical Vivactis Group

Références :

(1) Lettre ouverte du Dr. David Simon : https://www.medi-sphere.be/fr/actualites/socio-professionnel/les-amours-du-gbo-avec-aadm-accoucheront-elles-d-une-medecine-generale-a-l-rsquo-anglaise-dr-david-simon.html#.Y1b2wBwn02I.whatsapp

(2) https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/sites/default/files/2021

(3 ) Lettre ouverte du Dr. Nadja Hock : https://www.lalibre.be/debats/opinions/2022/10/26/monsieur-pedro-facon-combien-de-temps-nous-laisserez-vous-pour-annoncer-a-un-patient-quil-va-mourir-YMIW4SGTUBBEPOJJOLS2DRPTZ4/

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3 comments on “L’édito de notre Dir Med: « Pauvre médecine de demain… »”

  1. Je ne peux que suivre cet avis. J'ajouterai qu'il faudra, chers confrères, s'apprêter à devoir organiser la résistance à cette dictature ministérielle et à cette COLONISATION progressive de notre territoire médical. Sur le principe, notre situation n'est pas sans rappeler ce que certaines populations du monde vivent dans leur chair. Appelons nos défenseurs syndicaux qui ne voient pas encore le jeu politique qui se trame, à ouvrir leurs yeux et à unir leurs forces à celles de ceux qui ont déjà compris, sans calcul ni rivalité, en toute confraternité, notion étrangère et incompréhensible à tout politique.

  2. Je vais me répéter: Exit la médecine au service du patient, Bonjour la médecine au service de la finance (et de l'état).
    j'ai démarré mon activité médicale dans un des meilleurs systèmes de santé du monde. Je l'ai vu s'étioler et partir en lambeaux à chaque fois que nous, les médecins, faisions des compromis, dans un but altruiste, avec "le politique" jouant "à votre bon cœur Msieurs Dames" et assiste désolée à la mise au tombeau de toutes les valeurs, ou du moins une trop grande majorité, qui fondaient notre pratique libre et indépendante. Voici la naissance d'une médecine fonctionnarisée avec des médecins réduits au rôle de fonctionnaires, de plus mal rétribués si on compare avec des fonctionnaires de même niveau de formation. Cela ne fait-il pas quelques dizaines d'années que , pour les firmes, nous sommes des "prescripteurs"? Et maintenant ce sont les politiques qui s'y mettent en nous expliquant comment organiser notre consultation et que prescrire!

  3. LE ministre et Mr Falcon veulent nous transformer en moutons.
    Certaines universités vont dans le même sens en poussant les jeunes à en faire le moins possible à entrer dans le moule ; je constate que nombre d'entre eux sont prêts à vendre leur âme .

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