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Cette semaine de Saint Nicolas, qui fait la joie des petits, des marchands de jouets et des parents est une tradition bien ancrée dans nos foyers. Dans la nuit du 5 au 6 décembre, le grand Saint rentre dans nos maisons pour y déposer des fruits, des spéculoos, des bonbons et des cadeaux. Mais au fond, qui est-il vraiment, pourquoi le fête-t-on et qui est son homologue et concurrent direct, le Père Noël ?
La légende de Saint Nicolas provient de Nicolas de Myre appelé aussi Nicolas de Bari. Né à Patara, port antique de Lycie, au sud-ouest de l’actuelle Turquie (à l’époque Asie Mineure) et qui vécut de 270 à 343 après JC. De son vivant, Nicolas de Myre fut le protecteur des enfants, des veuves et des gens faibles. Il fut bienveillant et généreux. L’empereur Dioclétien, qui règne alors sur toute l’Asie mineure, persécute les chrétiens, et emprisonne Nicolas de Myre, qui par la suite sera contraint à l’exil jusqu’en 313, où l’empereur Constantin rétablit la liberté religieuse et lui permet alors de reprendre sa place d’évêque.(1)
Son culte prit une importance particulière en Lorraine parce qu'au retour d'une croisade, un chevalier aurait ramené une relique de ce Saint, conservée aujourd'hui encore dans la grande basilique de Saint-Nicolas-de-Port, à quelques kilomètres de Nancy.
Le Père Noël aurait en fait pour origine Saint Nicolas. On retrouve dans sa représentation tous les apparats du grand Saint : barbe blanche et manteau rouge (symbolique des couleurs liturgiques), avec cependant quelques différences: sa mitre est remplacée par un bonnet, le père Noël voyage en traîneau tiré par des rennes, Saint Nicolas sur le dos d’un âne.
Malgré la réforme protestante du XVIe siècle qui supprima la fête de St Nicolas, certains pays d’Europe, comme les Hollandais gardèrent leur « Sinterklaas ». Lorsqu’ils s’installèrent aux États-Unis, Sinter Klass devint « Santa Claus » et subit quelques modifications vestimentaires et culturelles pour se transformer en un Père Noël plus convivial et commercial.(2)
Saint Nicolas est souvent accompagné du Père Fouettard, son double maléfique, vêtu d'un grand manteau sombre et le visage grimé en noir. Mais de nos jours, la religion a cédé la place à la politique et le visage noir du Père Fouettard est parfois dénoncé comme une forme de "blackface", par analogie avec une coutume raciste américaine que pratiquaient les Blancs qui se moquaient des Noirs en se couvrant le visage de suie.(3)
Père Fouettard tirerait son origine, au XXVIe siècle, du siège de Metz par Charles Quint. Pour exprimer leur rancœur envers l’envahisseur, les Messins brûlèrent un mannequin représentant l’empereur qu'ils appelèrent "Hans Trapp" en allemand. En revanche, en Flandres et aux Pays-Bas, « Zwarte Piet » aurait bien un lien avec le passé colonial. Dans un livre de Jan Schenkman « Sint Nikolaas en zijn knecht » (St Nicolas et son serviteur) publié en 1850, il est représenté sous les traits d’un négrillon au service du maître blanc.(4)
Polémique raciste qui s’est par la suite étendue à la Belgique, mais en Wallonie, cela a choqué certaines familles d’anciens mineurs pour qui, si le Père fouettard était noir, c’était à cause du charbon sur son visage(3)…
Pour nos enfants, il n’est ni plus ni moins que le compagnon de Saint Nicolas, qui s’est encrassé de suie en passant par les cheminées pour venir déposer des sucreries et des cadeaux dans leurs petits souliers.
Si pour la Saint Nicolas, il est normal de gâter nos chers enfants, il faut néanmoins rester vigilant sur l’apport sans cesse croissant de sucres et de lipides dans leur alimentation. Les chiffres révélés par la Fédération mondiale de l’obésité début mars sont dramatiques : l’obésité infantile aura doublé dans 15 ans.(5)
Dans toutes les belles histoires et contes du passé, et plus tard dans certaines bandes dessinées (Tintin au Congo…), il y a toujours un lien avec l’époque où ils furent créés. Il en est de même des traditions folkloriques et des fêtes religieuses… Alors pourquoi certains s’acharnent-ils à vouloir les effacer de notre passé pour les remettre au goût du jour ?
Nous ne pouvons envisager l’avenir que si nous avons un passé. Ne renions pas notre passé, apprenons à ne plus commettre les mêmes erreurs, mais surtout gardons de chaque époque une trace de son existence… Vive Saint Nicolas et Père Fouettard… Pourvu que l’on poursuive longtemps encore ces belles traditions, qui emplissent d’émerveillement les yeux des petits et des grands !
Très bonne fête de Saint Nicolas à tous…
Dr. Patrick De Moor
