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Billet d’humeur de notre Dir Med : « Rien ne sert d’être dans les premiers, si c’est pour ne pas pour en profiter ! »

Cette année encore, trois universités belges se placent dans le top 200 des meilleures universités au monde, selon le classement établi par le QS World University rankings(1). Mais cela a-t-il vraiment un sens d’avoir les meilleurs centres universitaires si c’est pour limiter drastiquement l’accès de la profession aux médecins belges, ouvrir grandes nos portes aux étudiants français et importer sans cesse des médecins étrangers ?

La KULeuven, l’UGent et l’UCLouvain sont les lauréats de ce classement, respectivement en en 76e,143e et 195e places. Dans le top 500, on retrouve également l’ULB, l’UZBrussel (VUB), l’université d’Anvers et d’Hasselt. Même si nos institutions ont chuté dans le classement ces dernières années, aux yeux du monde, elles gardent la réputation d’être des valeurs sûres pour former de nouveaux talents.(1)

Il est sincèrement regrettable que ce savoir-faire, reconnu internationalement en termes de formation médicale, soit à ce point limité pour nos propres étudiants, alors qu’on nous prédit, à moyen terme, un manque réel de médecins dans notre pays ?

En effet, le Gouvernement fédéral vient de voter un numerus clausus à partir de 2023.

En plus de l’examen d’entrée pour intégrer la 1ère année, un concours supplémentaire sera instauré à la fin de l’année.(2) De quoi décourager les plus braves !

Je n’ai jamais compris pourquoi cette limitation aux études de médecine a fait couler tant d’encre et suscité tant de débats, pour finalement accoucher d’une bien piètre décision.

N’aurait-il pas été beaucoup plus simple, logique et moins contraignant pour nos étudiants de limiter, si nécessaire, l’accès en seconde année au prorata des résultats obtenus fin de première ? Les 200 premiers passent, les autres redoublent ou changent d’orientation.

Nos dirigeants ont décidément la fâcheuse habitude de se compliquer la vie pour finalement faire accoucher la montagne d’une souris…

Si la médecine ne cesse d’évoluer, la manière de la pratiquer est en train de changer fondamentalement. Nos jeunes médecins ne veulent plus, comme leurs aînés, être corvéables à merci, 12h/j et 6j/7, se déplacer la nuit par n’importe quel temps et passer à côté de leur vie de famille… La profession se féminise considérablement et les horaires ne seront plus les mêmes. Ils travailleront en équipe, par roulement. Quant aux visites à domicile, elles finiront par disparaître pour être remplacées par la télé- et vidéo-consultation. Autres temps, autres mœurs… On ne peut que les encourager dans cette voie, si ce n’est que le travail d’un médecin sera effectué par trois… Donc forcément ils devront être plus nombreux pour pouvoir bosser moins !

Idem dans le cadre hospitalier, où la nouvelle réforme, en gestation, prévoit que la plupart des spécialistes, tels que les chirurgiens ne travailleront plus à l’acte mais au forfait (salaires fixes). Il en résultera forcément une diminution de leur activité individuelle avec, comme conséquence identique, la nécessité d’avoir plus de médecins pour assurer le même turn-over de patients hospitalisés.

Il est donc, à mon sens, absurde de ne pas privilégier l’accès à la profession à nos étudiants et futurs médecins belges afin de permettre à notre pays d’aborder le tournant de cette réforme sociologique en toute sérénité, étant ainsi assuré que nous aurons suffisamment de médecins sortis de nos propres universités pour prendre la relève… Faudra-t-il à l’avenir que nos jeunes motivés aillent se faire former dans une université étrangère, à Varsovie ou à Bucarest et revenir avec un diplôme communautaire pour pouvoir professer dans le pays de leurs parents? Rien ne sert d’être dans les premiers, si c’est pour ne pas en profiter !

 

Excellent week-end à tous !

Dr Patrick De Moor, 

Médecin Généraliste

Directeur Médical Vivactis Group

 

Références

(1) https://www.lalibre.be/belgique/enseignement/2022/06/08/trois-universites-belges-dans-le-top-200-des-meilleures-du-monde-PHBADULCKNBX7JP6FZUFUMXNA4/

(2) https://www.egora.fr/actus-pro/etudes-de-medecine/73611-la-belgique-instaure-un-numerus-clausus-a-l-entree-des-etudes-de

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2 comments on “Billet d’humeur de notre Dir Med : « Rien ne sert d’être dans les premiers, si c’est pour ne pas pour en profiter ! »”

  1. Je partage entièrement votre avis en tant que cardiologue clinicien retraité.
    Dans mon institution nous avions chaque année deux à trois candidats spécialistes en formation et lors de mes dix dernières années de pratique la majorité étaient des Roumains, Libanais et africains du fait que notre université référence avait limité l’accès aux spécialités .
    Plusieurs de ces spécialistes en formation ont fait carrière en Belgique
    Dr Philippe Mengeot ancien cardiologue

  2. oh! que oui! de votre avis 100%!!!
    mais c'est sans doute un début de mondialisation: pas trop de belges dans le personnel soignant! plutôt des infirmières libanaises et des médecins roumains (entre autres..; et sans leur en vouloir à eux des erreurs de NOS politiques qu'on prétend avoir été élus par nous!)

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