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La pénurie du personnel infirmier dans nos hôpitaux ne date pas d’hier, mais elle n’a fait que s’accentuer ces dernières années, et l’été complique encore les choses avec la gestion des congés et l’afflux de patients plus important durant la période estivale, mettant les services d’urgence sous pression.(1)
La carence sans cesse croissante dans cette profession pourtant essentielle a atteint un point critique qu’il est urgent de contrecarrer si l’on ne veut pas en subir lourdement les conséquences. Actuellement, il manque en moyenne 10% d’infirmières dans nos hôpitaux, ce qui correspond environ la fermeture de 10% des infrastructures (en termes de lits et d’unités de soins)(2) pour pouvoir maintenir une qualité de soins acceptable.
Les principales causes de cette baisse d’engouement pour la profession sont pourtant bien identifiées : un métier éprouvant physiquement et psychiquement, des horaires compliqués, variables, commençant tôt, finissant tard, avec des périodes de nuits et des week-ends de garde, une faible reconnaissance de la profession, un revenu salarial peu attractif et pas suffisamment de jours de congé accordés pour leur permettre de récupérer.
A cela, s’ajoute plus récemment la période de pandémie Covid, que nous traversons toujours et qui a littéralement épuisé nos soignants, et le passage des études d’infirmière de 3 à 4 ans, donc approchant d’un statut universitaire mais sans réelle revalorisation salariale l’accompagnant.
Avec comme conséquences, un taux d’absentéisme sans cesse croissant (en maladies de longue durée) et de plus en plus d’abandon de la profession. Cette spirale infernale a des répercussions directes sur le personnel encore actif, en majorant en plus leur charge de travail.
Quelles pourraient être les solutions stratégiques concrètes permettant de sortir de cette pénurie inquiétante ?
Notre ministre fédéral de la santé assure avoir pris les choses en main en annonçant récemment la mise en place de nouveaux barèmes, des primes revalorisées et des investissements supplémentaires dans le secteur des soins de santé. Il y a deux ans déjà, le gouvernement fédéral et les partenaires sociaux concluaient un accord pour revaloriser les métiers des soins de santé : 500 millions destinés à une revalorisation salariale des infirmières et aides-soignants et 100 millions à l'amélioration des conditions de travail. Cette augmentation structurelle des salaires passera par la nouvelle classification de fonctions, dénommée « IFIC »(3).
A ce jour, les professionnels concernés ont commencé à profiter de ces nouveaux barèmes, mais de l’avis général, ces mesures seront totalement insuffisantes pour endiguer la pénurie sans cesse croissante dans ce secteur d’activité. Cela devra forcément passer par les autres revendications : allègement des horaires, possibilité généralisée de travail à temps partiel, et majoration du nombre de jour de congé.
Ce n’est qu'à ce prix, bien mérité, que nos hôpitaux reverront un jour leur quota d’infirmier(e)s repartir à la hausse… En attendant, mieux vaut ne pas tomber malade cet été !
Je vous souhaite un agréable week-end et retrouvons-nous après la pause estivale, fraîchement ressourcés, pour de nouveaux « billets d’humeur ».
Dr Patrick De Moor
Directeur Médical Vivactis Group
(3) https://www.dhnet.be/actu/belgique/primes-revalorisees-investissements-supplementaires-nouveaux-baremes-comment-frank-vandenbroucke-tente-de-rendre-le-metier-de-soignant-plus-attractif-
